150 ans de la naissance de Maurice Ravel : une célébration magistrale par l’orchestre national de Lille

Depuis plusieurs mois, les hommages en musique pleuvent sur l’œuvre du maître de l’orchestration Maurice Ravel. Né en 1875, il fête cette année ses 150 ans. L’orchestre national de Lille choisit, lui, de faire entendre certaines de ses compositions originales. Sous la direction de Joshua Weilerstein et avec le talentueux pianiste de l’école russe Nikolaï Luganski, il met aussi à l’honneur l’œuvre de Germaine Tailleferre, l’une des deux seules femmes du groupe des Six, collectif de compositeur·ices français·es réunis entre 1916 et 1923. 

La transmission au cœur de l’hommage

Ce choix de célébrer, d’abord, une figure féminine, s’explique par la rencontre, entre 1919 et 1920, entre Maurice Ravel et sa cadette de 17 ans dans le pays basque natal du compositeur. Celui-ci donne des conseils aux jeunes en termes d’écriture et d’orchestration. Ces années-là sont productives pour Germaine Tailleferre, qui écrit notamment un Hommage à Debussy, La Première Sonate pour violon et piano et la Ballade pour piano et orchestre. Elle connaît le succès en 1923 avec Le Marchand d’oiseaux, un ballet néo-classique. 

L’orchestre lillois joue la Petite suite pour orchestre (1957) qui invite en trois mouvements à l’imaginaire. Le morceau voyage d’abord vers « des paysages lointains », puis entame une danse galante de l’époque baroque avant de conclure par « la course d’un navire constitué d’un équipage féminin », peut-on lire dans le dossier de presse. 

La transmission entre deux musiciens s’observe aussi par la reprise par l’orchestre lillois, du 14 au 18 octobre, d’Antar (1868) composée par le Russe Nikolaï Rimski-Korsakov et que Maurice Ravel arrangera en 1910. Dans cette « œuvre épique, remaniée à plusieurs reprises jusqu’en 1903 », le poète et guerrier arabe Antara Ibn Shaddad vit « une aventure légendaire » dans laquelle le héros tombe dans un rêve où il doit sauver la fée Gul-Nazar, ce qui lui permet d’accéder à trois récompenses : la vengeance, le pouvoir et l’amour. 

Le génie curieux et insaisissable de Ravel

En convoquant ces deux figures, l’orchestre rappelle que Maurice Ravel s’est imprégné de différents styles musicaux, de la Grèce à l’Orient en passant par le Sud des Etats-Unis. Ainsi, son Concerto pour piano et orchestre en sol majeur (1932), « regorge lui aussi de références au jazz” avec “un thème construit sur des gammes issues du blues ». L’illustre compositeur brouille aussi les pistes, avec des rythmes qui pourraient tout aussi bien rappeler « un fandango ou un paquito », pratiquées dans ses terres d’origines.

Le natif basque était très attaché à l’imaginaire musical de sa contrée natale, mais également de celui de l’Espagne. C’est sur l’exalté Boléro (1923), que se clôt l’hommage à ce virtuose, ce « fou » qu’était Ravel.