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25.10.2024 → 08.11.2024

Cette lame qui nous emporte

par Antoine Couder
26.10.2024

De ces journées raccourcies par l’imminence de l’hiver, Rodolphe Burger invite à une imprévisible « Avalanche », un nouvel et sombre album qui semble parler d’un monde de l’après-coup, où s’incarne musicalement la disparition de la vie simple et ordinaire que nous imaginons connaître et contrôler.

Le temps où tout pouvait devenir

 

« En tant que roi, il pensait à l’impératif – mieux vaut ne pas changer de direction, mieux vaut continuer à aller de l’avant (going forward), par-delà les eaux radieuses. » Quelques mots de Louise Glück pour situer la position de ce roi tout en chemin au début de la nuit qui tombe. « Le bois lacté» dit ici une chanson, elle pose le décor de cette obscurité nouvelle où l’esprit ne sait plus et l’œil ne voit plus. Seul le corps bouge et avec la voix tantôt suave, tantôt folle, envisage encore la photographie d’un monde entre gravité digne et soupçon d’ironie, noir et blanc perpendiculaire à son degré d’écroulement. Tout va tomber et nous serons alors emportés. En attendant, cette obscurité nous protège de cette peur du non-devenir dont Burger fait un disque et un live en ciné-concert. Celui-ci est soutenu par une projection muette d’images étranges et magnifiques, extraites d’un cinéma d’avant-garde ou d’un Hollywood des curiosités. C’est l’ombre de David Lynch et –plus loin- la beauté formelle d’un monde englouti des années 1950, la danse de music hall, les frayeurs enfantines, la magie et l’épouvante du XIXe  siècle. Le temps où rien n’était, mais où tout pouvait devenir.

 

Je t’aime

 

C’est le moment d’avant, emprunté au chant traditionnel, « Coplas » d’avant la fin (du disque) avec ses notes de blues longtemps discrètes qui viennent s’écorcher vive sur les rives du Nouveau monde. C’est la croute crépusculaire qui se fendille alors sous le battement des affects jusqu’à la transformation attendue. Celle-ci revêtant des formes variées, la folie et la mort, le doute et l’amour pour la seule, l’unique, celle qui s’anime et animait mon rêve (« Sur son visage, j’ai mis un petit mouchoir pour que la terre ne touche pas la bouche que j’avais baisée » et cet aveu aux éclats tragiques : « je t’aime plus que Dieu »).

 

Derrière, le vide

 

On l’a compris, cet album n’est pas ce que l’on fait de plus joyeux, et il n’est pas non plus joliment triste. Les premières écoutes sont difficiles et la voix ensorcelante ajoute un sentiment d’insécurité, de deuil aussi après la mort soudaine du poète et ami Pierre Alferi qui signe la chanson-titre. « Avalanche » (« Devant, des cristaux liquides et derrière, le vide »). L’album achevé sans lui offre une bande-son crépusculaire de ce que l’on ne voit plus, mais qu’en revanche, on pourrait peut-être entendre. « Vous n’entendez pas ce silence qui tue », demande Lenz ? Vous n’entendez pas ces accords qui se répètent, cet engourdissement du moi jeté à la va-vite dans une sorte de scénographie extra-terrestre (« Tranquille dans la baleine » sur un texte saisissant d’Olivier Cadiot).

 

Le normal et le pathologique

 

Mieux vaut la musique, toute la musique (bruits blancs, murmures, chantonnements, échos lointains) parce que les images peut-être sont trop tristes, elles sont d’ailleurs projetées dans le dos des musiciens placés devant, durant le ciné-concert. Il reste la musique consolatrice, celle qui charpente humblement nos possibilités à dire, ce que l’on répète de toute éternité, ces « je t’aime », ces « je ne sais pas », cette recherche du sens et de la bonne question ; toute une conscience chantée qui fait mantra, et éloigne la folie et éloigne la mort, retenant en même temps la texture de ces affects morbides et remerciant l’âme de se perdre dans son déni, sa logique et sa poésie. La frontière entre le normal et le pathologique est floue et c’est ici que les corps gravitent.

 

L’intensité du reste à vivre

 

Au départ, il y a deux chansons soliloques qui disent où commence l’effondrement, dans le langage même qui donne corps aux chansons. « Nœuds » et surtout « l’Inattendu » (écrite avec Pierre Alferi), traduisent l’angoisse existentialiste de ne pas y être, et de ne garder de l’attente de la suite qu’un seul parfum de l’inquiétude. « Parce que je ne sais pas ce que je veux, je ne peux posséder ce que je veux ». « Nœuds » matérialise le cruel diagnostic de l’insignifiance et de l’absurde, la rendant presque aussi terrible que la folie pure qui refait surface dans une nouvelle version du « Lenz » dont Burger est coutumier et qui pointe la déchéance de l’être qui ne trouve ses réponses, et plonge dans l’intensité de son reste à vivre de condamné.

 

 

Figés par la cadence

 

Aux incartades flambées de délire succède le murmure du silence, feu de camps où crépitent les souvenirs, la cristallisation et ces héros qui ressurgissent du néant ; « Zorro » tragique et enfantin et « Dean Martin », bad boy des temps lointains. Proposé en single, ce dernier titre en forme de berceuse italienne dit à peu près tout de cette nostalgie du monde d’avant, celui du cinéma et de l’innocence, du bonheur aussi. Il ré-ancre le passé dans l’instant fugace de la musique et du chant. « Pourquoi cela devait-il être autant aveuglant ? » écrit encore Louise Gluck dans sa « Parabole du roi » (in Meadowlands). C’est le premier moment après la chute, le moment où la lumière revient et laisse apparaître les statuts de glace des rôles-modèles portés disparus, adorés et figés par la cadence ; corps liquides corps solides, corps de nos déchets qui surgissent en avant, plantés triomphants dans la terre, après l’avalanche.

 

 

Visuel :© Christophe Urbain