Le baryton Andrè Schuen, né à la frontière italo-autrichienne, est un grand interprète de Lieder et poursuit son exploration du répertoire Schubertien classique, après la Belle Meunière et Schwanengesang , déjà publiés et remarqués par la critique.
Sur les scènes d’opéra, Andrè Schuen, belle prestance et timbre superbe, est un spécialiste de Mozart (Les Noces de Figaro, Cosi fan tutte), mais s’essaie, aussi, avec succès à d’autres rôles comme Eugène Onéguine. Il se fraye incontestablement un chemin semé d’étoiles brillantes et de sombre mélancolie sur la voie déjà très fréquentée du Lied de Schubert et singulièrement de son plus célèbre cycle, celui du triste et dramatique Winterreise (« Voyage d’hiver »). Malgré la rude concurrence contemporaine et historique, l’incarnation d’Andrè Schuen était très attendue et tient toutes ses promesses : le timbre est sombre, sans fantaisie, sans fioriture, dans la sobriété de ce cheminement où le Wanderer patauge dans la froidure, la neige, les ruisseaux glacés, lors d’un impitoyable parcours vers la mort.
Et l’on aime cette lecture très épurée à la sensibilité à fleur de peau, cette diction parfaite où un sort est fait à chaque syllabe lourde de sens, cette infinie nostalgie de l’amour perdu, cette brève énergie des strophes où s’exprime la colère, puis cette lenteur calculée et pénétrante des autres vers particulièrement bien illustrée dans l’admirable « Taüschung » -Tromperie- suivi du « Der Wegweiser » (Le Panneau indicateur).
Winterreise , cycle de Franz Schubert. Andrè Schuen, Daniel Heide ; édité chez Deutsche Grammophon.
Visuel (c) Pochette de l’album d’Andrè Schuen, Daniel Heide, « Winterreise » chez Deutsche Grammophon