Après avoir écumé les scènes emblématiques de la musique électronique tout l’été, le duo d’origine nantaise, Alphanova sort son premier EP adéquatement nommé « First Impressions ». Portrait d’un groupe plein de promesses.
Alphanova c’est la rencontre de deux personnalités autour d’un rêve commun, au moins aussi vieux que la naissance de la musique électronique et du courant House : offrir un hameau de joie et de bonnes vibrations face à un monde dans lequel il est chaque jour un peu plus difficile de naviguer.
Les germes de ce projet musical mélangeant savamment influences électro, house et disco ont poussé au sein de la ville de Nantes, dont Julien (au nom de scène délicieusement rétro, Yuli De Borde) et Antoine (HADER) sont tous les deux originaires. Tout commence par une histoire d’amitié entre les murs de l’école de commerce Audencia, avec déjà des prémisses de la collaboration à venir. « À l’époque, Antoine avait commencé à faire de la musique. Je me suis rapproché via les soirées de l’école où il était DJ », se remémore Julien. « On avait les mêmes goûts musicaux, ce qui a initié le début de nos échanges créatifs », ajoute Antoine.
Si ce dernier a poursuivi sa trajectoire, en particulier dans les clubs nantais, très formateurs pour lui. Le déclic est venu à Julien quelques années plus tard, en 2020. « Je voyais Antoine faire son bout de chemin en solo et ça me donnait de plus en plus envie. Puis, le confinement nous est tombé dessus. Cette crise a mis un stop à beaucoup de choses, mais elle a aussi permis de prendre le temps de développer de nouvelles passions, de nouveaux projets. Sur un coup de tête, j’ai commandé des platines et j’ai commencé à me former en autodidacte, avec les conseils d’Antoine pour m’accompagner ».
Décembre 2021 marque le tournant suivant dans leur trajectoire commune. Un réveillon de Noël entre « covidés » fait surgir dans l’esprit de Julien et de ses amis, tous passionnés de musique house et disco, l’idée de créer un collectif. C’est l’acte de naissance de Disquette Records, association visant notamment à prospecter des lieux pour leurs futurs DJ Sets et à promouvoir leurs musiques sur les réseaux sociaux. « L’idée clé derrière Disquette Records, c’est la complémentarité, explique Julien. Parmi les membres fondateurs, il y avait un vidéaste, un photographe ou encore un graphiste. Chacun apportait ses compétences sur la table ».
Pour Antoine, « Il n’y aurait pas d’Alphanova, sans la création du collectif. On avait besoin d’une structure pour organiser des événements, contacter des festivals. Tout seul, c’est beaucoup plus difficile de peser dans la balance et de négocier des dates. »
Alphanova au Warehouse, club emblématique nantais © Alphanova
Les deux comparses ont déjà fait plusieurs DJ Sets ensemble, lorsqu’un speaker souhaitant les annoncer, leur demande de trouver un nom pour leur duo. « On lui a dit de nous présenter comme HADER et Yuli De Borde, et il nous a rétorqué que c’était trop long et qu’il fallait trouver autre chose », se remémore Antoine, le rire aux lèvres. Ce moment marque autant la naissance du nom de scène Alphanova que la concrétisation de leur désir de créer de la musique ensemble. Le baptême de leur nouveau projet se fera naturellement dans leur ville d’origine, au Warehouse à Nantes. Puis, s’ensuivent des dates dans des lieux emblématiques de la scène nocturne parisienne, de la grande salle du Badaboum au festival open air Madame Loyal.
La complémentarité est centrale dans le fonctionnement de leur duo. Une approche mise en évidence par leur façon de se partager les différentes étapes de la création. Julien joue le rôle de tête chercheuse de nouvelles sonorités, de directeur artistique ainsi que de chargé de la communication du duo, tandis qu’Antoine met au service de leur tandem son expérience aguerrie de producteur et mixeur. Le choix de l’orientation musicale d’Alphanova est aussi le fruit du mélange de leurs influences. « À l’origine je jouais plutôt de la Disco-House et Antoine, de la techno mélodique. Au moment de créer Alphanova, on s’est alors orienté vers l’Italo Disco, qui nous semblait un bon compromis entre nos deux univers », explique Julien. Pour les néophytes, son camarade définit ce genre musical comme « la rencontre de l’énergie de la techno avec la bonne humeur et le côté dansant de la disco ».
Enregistrement du set d’Alphanova au Warehouse à Nantes.
Les deux comparses ne cachent pas les influences qui les ont guidés dans la découverte de cet univers musical, qu’ils ont fait leur. « On a été très inspiré par les fers-de-lance de l’Italo Disco en France, notamment le label toulousain Ritmo Fatal, emmené par Kendal, sous lequel on retrouve Pablo Bozzi ou encore le morceau « Supernova » d’Alen Skanner qui nous a donné l’idée de notre nom de scène ».
« C’est une communauté artistique très ouverte, affirme Antoine. Lorsqu’on a commencé à travailler sur notre premier EP on l’a envoyé à plusieurs artistes d’Italo Disco et la plupart nous ont fait des retours très constructifs ». Esprit d’ouverture caractéristique du mouvement, qu’ils le reproduisent également dans leurs sets où, via Disquette Records, ils ont pris l’habitude d’inviter d’autres DJs à les rejoindre sur scène.
»Creatine », morceau extrait du premier EP du groupe.
Le 25 août 2023, le duo a sorti son premier EP, First Impressions, sur le label Sharped Records. Un premier pas dans l’industrie musicale dont ils gardent un ressenti extrêmement positif. « On a créé le projet main dans la main avec le label. Lorsqu’on leur a envoyé, les morceaux étaient terminés à 80%, mais on a pu encore les améliorer grâce à leurs recommandations ». De plus, Miguel de Bois et Zaatar, DJs talentueux signés sur le label, ont contribué au projet en réalisant chacun un remix. Cerise sur le gâteau : Ramtarr, le dirigeant du label, a lui-même mis la main à la pâte, en produisant son propre remix du morceau « Creatine ». L’accueil de leur EP a été très positif, au point que l’une de leurs inspirations, Pablo Bozzi a joué l’un de leurs morceaux dans un club à Barcelone. Antoine, qui habite et travaille actuellement dans la ville espagnole, était « dégoûté de ne pas y être, alors qu’il jouait dans le club qui est à 100 mètres de chez moi. Mais, c’est déjà génial qu’il ait apprécié notre travail ».
La sortie de leur premier EP et leur mini-tournée estivale de 15 dates à travers toute la France, représentent un premier accomplissement certain, mais le tandem ne se repose pas sur ses lauriers. D’autant plus, qu’ils doivent, pour le moment, garder un équilibre entre leurs vies professionnelles respectives et leur projet artistique.
« Cette passion nous prend beaucoup de temps. La production, la préparation des sets et la recherche de dates et événements ; tout ça représente un deuxième job à part entière », résume Julien. « Mais, de l’autre côté, il y a tellement de joie, d’émotions, de superbes rencontres, que le bonheur prend le pas sur les difficultés ». Antoine renchérit : « On ne va pas cacher qu’il y a parfois de vrais ascenseurs émotionnels, entre les week-ends où on enchaine les soirées, entourés de plein de gens qui se défoulent à 100% et le retour à la semaine de travail classique le lundi matin. »
Et l’avenir dans tout ça ? Pour l’instant, le duo a fait le choix commun de ne pas se projeter trop loin et d’éviter de griller les étapes. « On préfère penser les choses à l’échelle des mois à venir. Pour 2024, l’idée c’est de réussir à sortir des nouveaux morceaux sur des labels qu’on aime, comme Ritmo Fatale, et d’avoir une nouvelle tournée estivale, avec éventuellement des dates à l’étranger, cette fois-ci », se projette Julien. « C’est encore un peu tôt pour se dire : hop, l’année prochaine je quitte mon travail et je vis de ma passion, raisonne Antoine. Je pense qu’on a réussi à trouver une balance équilibrée entre les deux. On arrive à faire beaucoup d’événements, tout en n’ayant pas cette pression de devoir faire un nombre précis de « sets » pour entrer dans nos frais, de devoir refuser des invitations qui ne nous paraissent pas assez rentables, etc… ».
« Actuellement, nos objectifs principaux c’est de se poser un peu pour se concentrer sur la partie création musicale, quitte à réduire un peu le rythme des événements live et de préparer la saison prochaine », conclut Julien. Alphanova n’en est peut-être qu’au tout début de son ascension parmi les astres de la scène Italo Disco.
Visuel principal : Julien (Yuli de Borde) aux platines et Antoine (HADER), composent le duo Alphanova © Alphanova.