Livres

« Vingt minutes sous la terre » le manifeste souterrain de Capucine Delattre

par Camille Zingraff
07.11.2025

Dans son nouveau livre, Vingt minutes sous la terre, publié aux éditions la ville brûle, Capucine Delattre dévoile sa passion pour le métro, portée par un regard à la fois sensible et politique. Par un savant mélange d’humour, de références sociologiques et de faits historiques, l’autrice fait voyager son lectorat dans un dédale de métros bien réels et y fait entrevoir un espace riche de possibles.

Le métro, cet entre-deux mécanique

Espace roulant de tous les jours, le métro est cette parenthèse entre deux mondes, autour de laquelle tourne la vie et les quotidiens de milliers de personnes. Mais loin d’être seulement un simple interstice, Capucine Delattre démontre qu’il est, à lui-même, un véritable espace de vie.

Comme l’écrit Debaise, « la vie se tapit dans les interstices de chaque cellule vivante ». Une idée qui résonne pleinement avec le travail de l’autrice : possédant sa propre temporalité, le métro n’est pas une pause : il est la vie même, il l’alimente, la crée et la transforme.

« Le métro est un laboratoire d’expériences, de situations, de phénomènes, d’accidents et de découvertes » écrit Delattre, réfutant la thèse de Marc Augé selon laquelle le métro serait le miroir de la société. De fait, ce transport est en réalité le théâtre de cette société et de ces habitant.es qui le prennent. À la fois acteur et témoin de cette humanité, il l’accueille dans son état le plus brut, à la fois par les violences qu’il habite mais aussi par la solidarité que l’on peut y trouver.

Anecdotes et savoirs

D’un continent à l’autre, Delattre tisse un réseau d’histoires souterraines où chaque rame raconte une ville, une époque, une lutte. Saviez-vous, par exemple, que l’hebdomadaire parisien 20 Minutes doit son nom à la durée moyenne d’un trajet de métro ? Ou qu’en 2019, les Chilien.nes ont lancé un mouvement de résistance, en réponse à la hausse du prix du ticket de transport ?

Loin d’être superficielles, ces anecdotes portent un discours social fort : elles rappellent que le métro est aussi un lieu de violences systémiques, reflet de ce qui se joue en surface.

Si Delattre invite ses lecteur.ices à imaginer un meilleur métro, elle fait avant tout œuvre d’analyse sociologique, faisant de ce transport un véritable véhicule politique : « une plateforme vers l’ailleurs, l’avenir et l’espoir ».

Le métro des possibles

Pour Capucine Delattre, rêver le métro, c’est repenser la manière dont on habite le monde. Imaginer un métro des possibles, c’est refuser qu’il ne soit qu’un lieu de passage pour plonger dans le pouvoir narratif de ce transport. Elle y esquisse un endroit vecteur de fantastique, de rêves et d’imagination – en parlant des nombreux films qui s’inspirent de ces espaces.

Mais au-delà d’un lieu de fiction, le rêver et le repenser est un geste qui redonne au métro sa dimension humaine. Il ne s’agit plus seulement d’un moyen de transport, mais d’un terrain d’émancipation collective, un laboratoire d’utopies humaines et bien réelles. Ainsi, avec (seulement) Vingt minutes sous terre, Delattre réinvente la surface.

Par ailleurs, voyageuses et voyageurs de cet ouvrage, veuillez prêter attention aux notes de bas de pages et à aller jusqu’à la fin de ce livre, dans ces espaces se trouvent de nombreuses traces d’humour et d’autres anecdotes…

Et en hommage à l’ancien refrain de la RATP :

Vingt minutes sous la terre, disponible en librairie et sur le site de la ville brûle.

« Vingt minutes sous la terre » le manifeste souterrain de Capucine Delattre

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