Le principe du nouveau livre de Camille Laurens est simple : elle rompt sa promesse à l’homme aimé et écrit sur leur histoire. Un roman de rupture à plus d’un titre donc, mais qui s’aligne joyeusement dans la continuité du flux amoureux et aux jeux autofictionnels de l’auteure.
« Au moment où s’ouvre ce livre, je romps une promesse. Lorsque je l’ai faite, c’est idiot, j’étais sûre que je la tiendrais. Enfin, idiot, je ne sais pas. La moindre des choses, quand on fait une promesse, n’est-ce pas d’y croire ? »
Auteure à succès, maman d’une jeune-fille déjà grande, Claire Lancel retombe sur Gilles, un metteur en scène de marionnettes qui lui avait bien plus à un salon littéraire quelques années plus tôt. C’est le Nouvel An, elle ne voulait pas y aller et n’était pas habillée pour et néanmoins c’est le coup de foudre. Le temps qu’il quitte la cantatrice qui partage sa vie, mais avec qui rien ne va plus, et ils emménagent ensemble,mieux, ils achètent une maison dans le sud avec un mimosa devant la porte. Mais Gilles va travailler à Toronto, et surtout, il est de plus en plus toxique et dénigre en tous points une Claire qu’il connaît bien.
Bon oui les histoires d’amour finissent mal en général. Mais là, c’est carrément la catastrophe puisque l’héroïne du roman commence le livre… en prison. Et que le roman est un flash-back sur l’histoire d’amour, mais aussi sur l’enquête que l’écrivaine mène sur un homme dont le profil semble avoir changé du tout au tout en quatre ans de relations. Tournant radical ? Ou mensonge sur toute la ligne d’un pervers narcissique qui a besoin de posséder (et détruire) pour faire un peu semblant d’exister ? Avec pas mal de piques et de références à ses propres romans et surtout un jeu malicieux sur les liens qui existent (ou pas ) entre la narratrice et l’auteure, Camille Laurens continue à jouer avec les codes de l’autofiction.
Ce faisant, elle campe un personnage féminin absolument lumineux. Éternelle amoureuse, bien avec qui elle est, erreurs et douleurs comprises, sont enquêtrice et auteures en recherche de corps et de concret se suffit à elle-même et éclipses tous les autres personnages. Elle a beau être parjure, son rapport tout en langue au désir et au plaisir en fait un très beau personnage d’amoureuse, incorrigible et éternellement en lien, à soixante ans, comme à seize. La partie la moins réussie, et peut-être la plus adulescente du livre, sont les poèmes, mais comme le chantait Barbara « À chaque fois qu’on parle d’amour, c’est avec jamais et toujours… ». Pourquoi pas avec des vers quand on excelle depuis plus de 30 ans dans le genre roman ?
Camille Laurens, Ta promesse, Gallimard, 368 pages, sortie le 02/01/2025.
Visuel : © couverture du livre