“Strange” ou la banale étrangeté des êtres qu’on aime

Il y a mille manières d’être. Et ça, la comédienne et metteuse en scène Geneviève Damas le sait mieux que nul autre. Mais si le monde entier est une scène, on n’y fait pas toujours ses entrées et sorties comme on le voudrait. Certaines sont obligées de jouer à contre-emploi, d’autres de se glisser dans des costumes trop… ou pas assez… Quand il ne s’agit pas de se voir attribuer une identité qui ne nous ressemble pas…

Mais, dans la vraie vie, les coups de théâtre existent aussi, en témoigne Raphaël. Depuis qu’il est parti étudier le chant à Bruxelles, le voilà qui vit enfin une vie conforme à ce qu’il est. Ou plutôt, à ce qu’elle est : Raphaël est en train de devenir Nora. Aux yeux et aux vues de tous… sauf de son père. Aussi, avant de mettre fin à de longs mois d’absence, Raphaël décide de lui écrire. Lettre-fleuve pour coucher sur le papier ce que l’on n’a pas pu dire. Lettre blanche pour marquer les contours d’une identité fuyante. Lettre ouverte pour revenir sur les douleurs passées. Lettre d’intention pour envisager un accord. Lettre d’amour pour un père qui a fait de son mieux.

Grâce à ce format épistolaire Geneviève Damas ne tombe ni dans la mièvrerie ni dans la caricature. Elle évite les clichés comme les polémiques mais, de son écriture vive, laisse entendre une petite mélodie que certains airs conservateurs voudraient pourtant étouffer. À lire illico presto !