« Spielberg. La totale » : Un beau livre sur un immense réalisateur

On ne compte plus les succès de Steven Spielberg en attendant son prochain projet, la transformation du non-film Napoléon de Kubrick en série d’après les nombreuses recherches et le scénario du réalisateur de Shining. Admirée autant par les cinéphiles que par les néophytes, l’œuvre de Spielberg se retrouve ici disséquée et analysée par Olivier Bousquet (journaliste chez VSD), Arnaud Devillard (collaborateur notamment pour Eclipses et Vertigo) et Nicolas Schaller (critique cinéma à L’Obs et au Masque et la Plume). Dans un ordre chronologique bienvenu, le livre revient sur la jeunesse de Spielberg, que l’on pourra mieux connaître en lisant Steven avant Spielberg de Gilles Penso publié récemment chez Michel Lafon, puis sur ses débuts à la télévision et enfin ses films pour le grand écran.

Chaque film (48 en tout, en comptant les téléfilms et les épisodes tv) se retrouve présenté de façon cadrée : une fiche technique (durée, son, format, casting…), un synopsis, la genèse du projet, la distribution, la réalisation et enfin la réception. Pour Rencontres du troisième type (1977), on apprend ainsi que le film permet à Spielberg d’être nommé aux Oscars pour la première fois en tant que réalisateur et que le film, s’il est considéré comme un chef-d’œuvre de la science-fiction, compte tout de même son lot de détracteurs (le New York Magazine parle de « la plus stupide histoire jamais contée »). Comme dans Hitchcock. La totale, certains encarts permettent d’aller plus loin et de conter des anecdotes : le recrutement d’un homme ivre à la dernière minute sur le tournage de The Sugarland Express (1974), la présence d’un même catcheur, Pat Roach, dans les trois Indiana Jones…

« J’étais saisi par sa compréhension innée du cinéma : une succession d’images – ou de portions de temps – orchestrée pour créer une musique visuelle. » (George Miller)

Les trois auteurs poussent également les analyses plus loin en se concentrant sur certaines séquences : la scène culte d’ouverture de Les Dents de la mer (1975), celle controversée des douches d’Auschwitz de La Liste de Schindler (1993), celle romantique dans le récent West Side Story (2021)… Tout en relevant les plans iconiques qui ont marqué la rétine des cinéphiles depuis des dizaines d’années (travelling sur Roy Scheider installé sur la plage lorsque le requin attaque, le petit Barry aveuglé par la lumière orange de Rencontres du troisième type…).

Louons enfin la qualité de l’ouvrage des Editions EPA : les superbes photos, des films comme des décors, rendent bien, le livre bénéficiant d’un large format (21,7 x 27,8 cm). Se plonger dans le livre permet de mieux comprendre comment Spielberg est devenu un roi du box-office grâce à un style virtuose, abordant des sujets variés (guerre, science-fiction, aventure…). Un livre donc d’exception, tout comme Hitchcock. La Totale l’était, en attendant, nous l’espérons, d’autres beaux livres sur de grands réalisateurs.