Ce gros volume (plus de 500 pages !) regroupe différentes affaires criminelles suivies par Patricia Tourancheau lors de ses années à Libération, de 1990 à 2015.
Les livres sur les faits divers sont légion, mais celui édité par les éditions Seuil se distingue par sa plume, Patricia Tourancheau. Journaliste et documentariste, Patricia Tourancheau se retrouve embauchée à Libé le 1er novembre 1990 comme rubricarde « Police ». Dès son édito, la journaliste indique à quel point, en tant que femme, il a été difficile pour elle de se faire une place dans un milieu très masculin. « Passeuse et conteuse d’histoires, je ne juge pas, je ne flique pas, mais je questionne, j’écoute et recoupe pour retracer un épisode, un parcours, une bascule, un portrait. »
Sur les 3 000 à 3 500 « papiers » publiés entre 1990 et 2015 par Patricia Tourancheau, Rubrique Faits divers regroupe 69 articles classés en quatorze thématiques : générations de tueurs en série, les grandes évasions, skinheads et nazillons, actions françaises, escrocs en tous genres, crimes au féminin, tueries de masse… Des thèmes larges qui nous font donc rencontrer criminels, policiers, braqueurs, victimes, terroristes. Chaque article est précédé d’une mise en contexte et la plupart se clôturent également par une mise à jour qui donne l’actualité des protagonistes (le verdict d’un procès, la fin ou non d’une peine de prison, etc.).
On retrouvera donc des affaires très célèbres (Guy Georges, Redoine Faïd, Véronique Courjault, Fourniret…) comme des cas plus confidentiels, mais traités avec la même rigueur. Du livre se dégage alors une certaine idée de la France, un portrait criminel de notre hexagone. Patricia Tourancheau nous prévient de ne pas glorifier les tueurs en série comme aux États-Unis, nous apprend que les évasions de prison en hélicoptère sont considérées en Italie comme des évasions « à la française » et nous met en garde contre les crimes des groupuscules d’extrême-droite… On apprend beaucoup, on s’effraie pas mal. Alors sauvegardons cette mise en page facétieuse de Libération, page 110, qui fait coexister dans son journal du 11 mai 1995 le meurtre d’un Marocain par des skinheads avec un encart publicitaire pour le Minitel « L’amour entre filles. 3615 Entrefille ». Espérons que l’amour l’emporte.
Rubrique Faits divers, Patricia TOURANCHEAU, Seuil, 528 pages, 21,90 €
Visuel : © Couverture du livre