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« Renverse du souffle » de Paul Celan : « Pensée de crâne, muette, sur la trace de flèche. »

par Julien Coquet
23.04.2025

Hermétique et néanmoins traversée par de belles images, la poésie de Paul Celan alterne ombres et lumières.

« Lumière fut. Sauvetage. » conclut Renverse du souffle, comme une lueur d’espoir après des poèmes sombres. Paru à la fin du mois d’août 1967, Atemwende, décomposé en six sections, déroule de façon chronologique les poèmes « dans une historicité nécessaire qui est garante de l’authenticité du geste poétique. Les poèmes constituent une sorte de journal, témoignent d’une parole issue d’une vie dans l’histoire. » (Jean-Pierre Lefebvre).

« Tout au fond/ de la crevasse des temps,/ près de la/ glace alvéolaire,/ attend, cristal de souffle,/ ton inébranlable/ témoignage. »

Dans la mesure où l’expression « Atemwende désigne le moment intermédiaire entre les deux temps de la respiration, pendant lequel le flux respiratoire s’inverse et repart dans l’autre sens », il est parfois normal de perdre son souffle à lire les poèmes de Celan les uns à la suite des autres. Plutôt courts, les poèmes alternent les moments de grâce (« (Je te connais, tu es la très courbée,/ Et moi, le transpercé, te suis assujetti. ») et passage cryptique (« Avec les persécutés en alliance/ tardive, et non/ tue,/ radieuse. »). Si la poésie peut parfois sembler sensible, certains textes restent très intellectuels, en témoignent les soixante-dix pages de notes de Jean-Pierre Lefebvre qui viennent éclairer le sens des poèmes et leurs contextes de rédaction.

Ecrits entre septembre 1963 et septembre 1965, les poèmes rendent compte d’une phase sombre dans la vie de Celan, tout juste sorti en janvier 1963 d’hôpital psychiatrique, avant de se faire de nouveau interner en 1965. Il est donc d’autant plus beau que le recueil se termine par le mot de « Rettung » (« Sauvetage »).

Renverse du souffle, Paul CELAN, traduit de l’allemand et annoté par Jean-Pierre Lefebvre, Edition bilingue, Points, 304 pages, 11,40 €

« Renverse du souffle » de Paul Celan : « Pensée de crâne, muette, sur la trace de flèche. »

« Tout au fond/ de la crevasse des temps,/ près de la/ glace alvéolaire,/ attend, cristal de souffle,/ ton inébranlable/ témoignage. »

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