Quatre chefs-d’œuvre de langue anglaise : Austen, Joyce et Tolkien

Orgueil et préjugés de Jane Austen : Un magnifique roman d’amour

A l’approche de la Saint-Valentin, quelle meilleure période pour lire Orgueil et préjugés de Jane Austen (eh oui, nous avons un petit cœur qui bat !) ? Publié en 1813 mais situé au début du XIXème siècle, le roman le plus populaire d’Austen se focalise sur la relation tumultueuse entre Elizabeth Bennet et l’enquiquinant M. Darcy, alors que toutes les conventions les poussent à ce mariage. Bien des années plus tard, le roman reste truculent à lire dans le portrait qu’il fait d’une société corsetée. Le jeu du chat et de la souris qui se met en place entre les deux protagonistes régale, d’autant plus que les dialogues sont construits à la perfection. Depuis 1996, c’est bien la traduction de V. Leconte et de Ch. Pressoir qui était exploitée par 10/18 (150 000 exemplaires vendus depuis 1996). Indisponible depuis la fin d’année 2024, Christian Bourgois éditeur reprend dans sa collection Satellites cette traduction, l’ornementant d’une préface de Virginia Woolf sur Jane Austen, « l’artiste la plus parfaite parmi les femmes, l’écrivaine dont les livres sont immortels ». Sûrement le roman le plus accessible et réjouissant des quatre livres chroniqués ici.

Gens de Dublin de James Joyce : « Il n’y avait plus d’espoir pour lui désormais »

Récemment, Gens de Dublin a été remis sur le devant de la scène par un film espagnol tourné…aux Etats-Unis ! Dans La Chambre d’à côté de Pedro Almodovar, le personnage interprété par Julianne Moore trouve une incroyable poésie à la dernière nouvelle du recueil de Joyce, « Les Morts », en montre la belle adaptation signée John Huston (Gens de Dublin, 1987) à son amie jouée par Tilda Swinton et en cite régulièrement les dernières bouleversantes lignes : « Il s’était mis à neiger. Il regarda dans un demi-sommeil les flocons argentés ou sombres tomber obliquement contre les réverbères. L’heure était venue de se mettre en voyage pour l’Occident. » Paru en 1914 en Irlande, Gens de Dublin (Dubliners) ausculte la société irlandaise et démontre les liens étroits de James Joyce avec sa ville natale. Les quinze nouvelles, dont « Les Morts » constitue le paroxysme, peignent de façon impressionniste les tourments, pensées et agitations des habitants de Dublin. L’auteur aime ses personnages, les entend et en restitue leurs tempêtes intérieures. Certaines nouvelles emportent plus que d’autres (« Eveline », « Pénible incident ») mais toutes sont empreintes d’une tristesse insondable.

Portrait de l’artiste en jeune homme de James Joyce : Je est un autre

Paru en 1916 à New York, Portrait de l’artiste dans sa jeunesse constitue également une porte d’entrée conseillée à l’œuvre de James Joyce, pour celles et ceux effrayé.e.s par le monumental Ulysse. Sorte de Bildungsroman (roman d’apprentissage), le livre mêle éléments autobiographiques et pure invention, suivant la vie de Stephen Dedalus de son enfance à l’entrée dans l’âge adulte (on abandonne le héros lorsqu’il part étudier à Paris). Sans avoir l’exubérance d’Ulysse, Portrait de l’artiste en jeune homme rassemble tout de même de nombreuses caractéristiques de l’œuvre joycienne : un vocabulaire surprenant marqué par les jeux de mots (dont ce célèbre incipit : « Il était une fois, et c’était une très belle fois, une meuh-meuf descendait la route et cette meuh-meuh qui descendait la route rencontra un zoli petit garçon nommé bébé coucou… »), des références constantes (« Dedalus » pour le personnage mythologie « Dédale »), etc. Notons que Gens de Dublin bénéficie d’une préface signée Valéry Larbaud permettant de remettre en contexte l’œuvre de Joyce, et de mieux cerner les enjeux qui se cachent derrière ces deux livres considérés comme moins importants face à Ulysse.

Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien : Au pays des Hobbits

En 2017, un article de France Culture mettait sur le même plan le chef-d’œuvre de Tolkien, Ulysse de James Joyce, A la recherche du temps perdu de Proust ou encore L’Homme sans qualités de Robert Musil. Au cours d’une enquête menée sur les réseaux sociaux, les auditeurs et auditrices s’étaient prononcés pour le « Top 10 des livres que vous n’avez jamais réussi à finir » ! Si Gens de Dublin et Portrait de l’artiste en jeune homme constituent de bonne porte d’entrée à l’œuvre de Joyce, on conseillera donc Bilbo le Hobbit pour débuter la lecture des œuvres de Tolkien. Car la trilogie du Seigneur des anneaux est plus qu’impressionnante, totalisant plus de 2 000 pages. On y suit le destin du jeune hobbit Frodon, perturbé en plein anniversaire, dont l’objectif va être de détruire le fameux anneau magique, symbole du mal, qui risque d’être récupéré par Sauron. Portée par un immense bestiaire (nains, orques, elfes…), la trilogie est longue et peu parfois ennuyer pour celles et ceux qui ont vu les films. On conseille pour autant de faire l’effort de se plonger dans la langue de Tolkien, d’autant plus que cette édition Pocket Collector bénéficie de la traduction de Daniel Lauzon, considérée comme la plus fidèle et proche des indications de traduction laissées par Tolkien lui-même.