Dans Psychopompe, Amélie Nothomb relate son enfance nomade marquée par sa passion ornithologique. Elle raconte sa découverte de l’écriture qui la sauvera de l’abîme.
Psychopompe. Amélie Nothomb le confesse: le mot est superbe… peut être un peu pompeux. Mais que signifie t’il ? Dans l’antiquité le psychopompe accompagne les âmes des morts dans leur voyage. L’oiseau psychopompe peut représenter la propulsion, l’élan vital, la liberté chèrement acquise. Un mot qui peut séduire la petite fille qui rêve de s’envoler. Un mot salutaire pour la jeune fille désespérée et anorexique.
Amélie Nothomb revient sur son enfance. Elle a suivi son père diplomate dans de nombreux pays et se passionne pour les oiseaux, afin de conjurer l’angoisse, l’ennui. Le lecteur découvre les grues blanches du Japon, les rouges gorges de New York puis le Bangladesh. Amélie Nothomb a alors onze ans, elle est choquée par la misère du pays . Mais le Bangladesh c’est surtout le duo de chant de deux canaris et un oiseau fascinant, l’engoulevent oreillard. Devenue adulte elle prend son envol en retournant au Japon et en découvrant l’écriture. Désormais écrire sera voler. Chaque matin, pour survivre elle se jette dans l’écriture, en mettant «les becquées doubles».
Psychopompe est un livre auto biographique. Sa lecture est très agréable. La partie consacrée à l’enfance est touchante, émouvante. Amélie Nothomb décrit avec justesse et empathie les sensations, les sentiments de la petite fille qu’elle était. Grâce au thème des oiseaux elle reconstitue la magie de l’enfance. La métaphore des oiseaux lui permet aussi d’aborder le thème de l’écriture. Comme pour des oisillons qui s’envolent du nid, écrire c’est faire face au précipice. Elle nous parle bien de l’écriture , du long apprentissage ,de l’importance du rythme, de la nécessité de créer un paysage littéraire. Mais être écrivaine reste un privilège absolu, un besoin vital.
Pour Amélie Nothomb, «être psychopompe» est une attitude dans la vie et face à la mort. Pour le psychopompe, le fossé entre les vivants et les morts n’est plus infranchissable. Elle va ainsi entamer un dialogue posthume avec son père, écrire sa légende, l’accompagner dans son ultime voyage.
«Il me reste à cultiver l’oiseau en moi. Pour son pourvoir psychopompe». Pour la liberté. Amélie Nothomb conclue ainsi ce livre très personnel qui garde sa part de mystère. Un texte qui introduit comme une dimension surnaturelle dans l’existence. Un texte qui pourra interroger, intriguer le lecteur.
Amélie Nothomb, Psychopompe, Albin Michel, 162 pages, 18,9 Euros, sortie le 23 08 2023.
Visuel(c): couverture du livre. Éditions Albin Michel