Quatre ans après, que reste-t-il du confinement de 2020 ? Avec ce livre paru au printemps 2025, Sophie Divry questionne cette période marquante.
Entre le 16 mars et le 11 mai 2020, Sophie Divry se confine à Lyon, dans son appartement de 31 mètres carrés. Seule, elle passe les journées à pratiquer du sport, à tenter d’écrire (« Quand j’écris, je sors enfin de moi, j’arrêt de ruminer, de me faire du souci. ») et à se balader tout en évitant les contrôles de police. La première partie de Pour tout le monde en même temps présente le journal personnel de l’auteure, entrecoupé de citations d’Emmanuel Macron, du Premier ministre et de ministres, de mesures administratives ou encore d’extraits de la presse locale. En résulte un patchwork qui nous replonge directement dans cette période difficile, éreintante, où chacun souffre à sa manière. Croyante, Sophie Divry ne supporte pas d’être séparée de ses coreligionnaires pour les festivités de Pâques. Les balades à vélo, au-delà de la limite réglementaire du kilomètre, la conduisent à découvrir une lône, sorte de refuge et de respiration.
La deuxième partie du livre est un retour sur le confinement. Au printemps 2024, Sophie Divry est allée interviewer dix amis au sujet du confinement de 2020. Une copine vivant en Savoie, un ami écrivain à Paris, sa meilleure amie de passage à Lyon, son filleul de 14 ans à l’époque… Il résulte de ces entretiens des expériences variées. Antoine, libraire, remarque que les années Covid l’ont freiné dans l’exploration de son homosexualité. Brigitte, éditrice, s’est rendu compte à quel point elle souhaitait « disposer de son temps sans contrainte ». Le neveu de l’auteure, Ewen, se plaint du travail scolaire important imposé par sa mère, et du retard qu’il a pris en cours. Comme l’explique si bien Antoine, « bien qu’on ait une expérience commune d’attestations, d’ennui, de claustration, les détails de cette période sont trop variables d’un individu à l’autre pour faire un socle partageable. Le confinement fut une expérience commune, mais pas collective. »
« Alors que cette pandémie montre l’échec de toutes leurs valeurs guerrières. Les gouvernements successifs ont méprisé l’Éducation, la Solidarité, la prévention. Or, aujourd’hui, ce ne sont pas des valeurs jugées « viriles » dont nous avons besoin, mais de valeurs codées comme « féminines ». Le soin. Le domestique. Secourir. S’occuper des enfants. Rester à la maison. Il n’est même pas question d’opérations chirurgicales de haut vol. On a besoin de gens qui prennent soin des faibles dans un hôpital. On a besoin de gens qui s’occupent des enfants chez eux. Pour que le pays survive à ce drame, on a besoin de toutes les valeurs qui étaient méprisées hier. »
Pour tout le monde en même temps, Sophie DIVRY, Seuil, 160 pages, 17 €.
Visuel : © Couverture du livre.