Voilà un OLNI de la rentrée : texte de dialogue, texte de confrontation, texte de fraternité aussi.
Un soleil écrasant, une pente, deux corps qui avancent l’un vers l’autre. Elle, Samira Negrouche, poétesse algérienne, porte l’Histoire et la nécessité de dire. Lui, Marin Fouqué, auteur français, avance avec le silence en bagage et un couteau dans la poche. Les voilà qui se rencontrent et avec eux deux pays : l’Algérie et la France. Pente raide prend la forme d’un dialogue à vif, où se croisent préjugés, colères, malentendus, mais aussi possibles et espoirs. Plus qu’une conversation, c’est une tentative de réparation : disséquer la violence, interroger le pardon, dire enfin ce qui brûle encore des deux côtés de la Méditerranée.
Lire Pente raide, c’est se sentir convoqué. On croit assister de loin, mais le texte nous rattrape : toi aussi, lecteur français, héritier d’une histoire coloniale que tu n’as pas choisie mais que tu portes ; toi aussi, lecteur algérien, dépositaire d’un passé qui saigne encore. La force de ce livre tient à sa forme : un texte à quatre mains qui n’écrit pas depuis le même lieu, mais qui parvient pourtant à fusionner les langues, à tresser deux voix en une seule liane épaisse. Une liane pour remonter la pente. Raide, oui, mais salutaire. Pente raide n’est pas un roman, ni un essai, ni un poème : c’est une expérience. Urgente, courageuse, précieuse.
Samira Negrouche et Marin Fouqué, Pente raide, sortie le 3 septembre 2025, Actes Sud, 112 p., 16 euros.
Visuel : © Couverture du livre