À la fois chemin initiatique pour les novices et déclaration d’amour du genre pour les convaincu.es, Monstrueuse de Taous Merakchi est une plongée personnelle et politique dans les entrailles de l’horreur. Au travers d’un essai autobiographique à l’autodérision délicieuse, l’autrice dissèque peurs, monstres et désirs dans une prose fluide et vibrante.
Dès le début, Taous Merakchi prend la main de ses lecteur.ices pour les amener vers les méandres du genre horrifique, non pour les effrayer, mais pour les éclairer, les inviter à comprendre et à s’interroger. Monstrueuse renverse ainsi les idées reçues : l’horreur peut faire peur, mais avant tout, elle la rend visible en matérialisant effrois, angoisses et cauchemars sur grand écran.
Regarder un film d’horreur devient alors un exorcisme collectif : loin de nous terroriser en vain, ces espaces de divertissement se révèlent cathartiques, sociaux, politiques.
Merakchi encourage à plonger dans nos monstruosités, dans le moche et le sale que nous portons en nous. Au sein de cette société qui érige blancheur, minceur et validité en normes de beauté et de vérité, l’autrice tend une perche à son lectorat : plonger dans l’horreur, dans l’anormal et le difforme est salvateur et une voie d’émancipation.
À l’encontre de la normativité et de la perfection, Monstrueuse porte ainsi une parole puissante qui demande la visibilisation et l’acceptation d’une diversité de corps, de visages et de vécus : « J’ai besoin d’images qui vont à l’encontre de cette esthétique lisse et propre, et de tous ces outils qui ne servent qu’à fasciser nos cerveaux ».
Avec humour et tendresse, l’essai dessine le genre de l’horreur de plus en plus subtil, puissant et pluriel. Alors que le patriarcat dévore les corps, que la normalité terrorise les différences et que la société fabrique ses monstres à la chaine, la monstruosité est définitivement politique, et bien souvent, les véritables monstres se cachent derrière des masques de normativité.
L’horreur devient un espace de respiration, un lieu où se défont masques et normes. À travers la monstruosité, Taous Merakchi met à nu le réel — de l’adolescence à la parentalité, en passant par la maladie — pour mieux en révéler la puissance, la subtilité et la portée salvatrice.
Alors si le cœur vous en dit et que les frissons vous attirent, Monstrueuse est une porte d’entrée douce et pleine d’humour vers l’horreur et, qui plus est, propose une filmographie soigneusement choisie par l’autrice !
visuel : ©couverture d’Anna Wanda Gogusey
Monstrueuse en librairie et sur le site de la ville brûle.