Après le difficile-à-lâcher Bleus, blancs, rouges, Benjamin Dierstein poursuit sa trilogie centrée autour de la France de la fin des années 1970/début des années 1980.
Il faudra du temps et de la concentration pour se plonger dans L’Etendard sanglant est levé. Bleus, blancs, rouges déroulait sur 800 pages la fin des années VGE, la naissance de mouvements terroristes (et notamment Action directe), les relations entre la France et le Centrafrique, les rivalités entre différents services de police, le truand Jacques Mesrine, etc, etc. L’Etendard sanglant est levé, deuxième tome d’une trilogie consacrée à la France des années 1978 à 1984, s’ouvre en janvier 1980, après un flashback au Congo en 1965. Sur plus de 900 pages cette fois-ci, Benjamin Dierstein nous prend la main dès l’ouverture, nous remettant dans le bain du précédent tome, rappelant les relations entre les personnages, et les enjeux politiques de cette période charnière pré-présidentielles du printemps 1981.
Le lecteur averti retrouvera donc le mystérieux Geronimo, un marchand d’armes formé par les services libyens et chargé de développer le terrorisme révolutionnaire en Europe. Jacquie Lienard, jeune inspectrice aux dents longues, surveille de près son indic Jean-Louis Gourvennec, infiltré auprès d’Action directe. L’ancien camarade de promo de Jacquie, et ennemi de celle-ci, Marco Paolini, évolue lui au sein de la Brigade de recherche et d’intervention tout en étant proche du SAC, le Service d’action civique, une organisation politique créée en 1960 pour soutenir le général de Gaulle, devenue une police parallèle jusqu’en 1982. Face à eux évolue notamment Robert Vauthier, un mercenaire dur à cuire bien prêt à faire main basse sur le milieu de la nuit parisienne.
Avec une verve extraordinaire, Benjamin Dierstein refait vivre le début des années 1980, en convoquant par petites touches toute l’actualité culturelle de l’époque (chansons et films notamment). Le plus intéressant reste peut-être les manœuvres politiques qui se trament pour faire main basse sur l’Elysée, et les réticences de nombreux policiers à voir arriver la gauche au pouvoir. Le lecteur croisera donc aussi bien VGE, Mitterrand et François de Grossouvre qu’Alain Delon, Coluche ou encore le redoutable Carlos. Si la fin de ce deuxième tome s’éternise un peu sur les règlements de compte entre les différents indépendantistes corses ou les tensions pour récupérer tel casino ou telle boîte de nuit de Paris, L’Etendard sanglant est levé reste passionnant dans le portrait d’une époque qu’il fait.
L’Etendard sanglant est levé, Benjamin DIERSTEIN, Flammarion, 914 pages, 24,50 €
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