« Les mains pleines » de Guillaume Collet : plein feu sur le vieil âge

Un pavé dans la mare : le scandale des EHPAD Orpéa

Début 2023, avec son livre Les fossoyeurs, le journaliste Victor Castanet avait jeté un pavé dans la mare. Au-delà du scandale de maltraitances au sein des EHPAD du groupe privé Orpéa, l’enquête nous invitait à nous demander : que fait-on de nos ainé·e·s ? Une question à laquelle le nouveau roman de Guillaume Collet se propose justement de répondre. Et pas n’importe comment.

Un huis clos familial au cœur d’une maison bourgeoise

Car Les Mains pleines est un livre étrange, pour ne pas dire troublant. Grand-Mère, Grand-Père, Petit-Fils, etc. : jamais, vous ne saurez comment se prénomment les protagonistes de ce huis clos pas comme les autres. Ce que l’on sait en revanche ? C’est que le couple de grands-parents a besoin d’aide, et ce, même s’ils n’oseront jamais le demander, pas même à leur famille – celle-ci, il faut bien le dire, n’ayant jamais figuré au rang de leurs priorités… Mandaté par la famille, c’est donc à Petit-Fils de s’y coller, de voir ce qui cloche dans la grande maison bourgeoise de Grand-Mère et Grand-Père, de dresser un état lieu… au sens propre comme au figuré puisque le roman est découpé non pas en chapitres, mais en pièces, chacune donnant un peu plus à voir la détresse du couple et le désarroi de son entourage.

Une écriture clinique

La froideur de la langue de Guillaume Collet, l’aspect quasi clinique de ses descriptions en déconcerteront sans doute plus d’un·e. Mais c’est justement grâce à sa pudeur que son écriture singulière parvient à rendre compte du tragique de toute vie et ce peu importe le milieu dans laquelle celle-ci se déroule. Dans ce qu’il a de plus réservé, le roman donne à voir au plus juste le scénario si singulier de la démence sénile et pourtant si partagé par de nombreuses familles. Il impulse l’urgence de vivre. Tant qu’il est encore temps. Sans toutefois avoir besoin de gravir tous les plus hauts sommets de la planète. Une pépite de la rentrée à la hauteur de son sujet.