Une plongée dans les bas-fonds de Téhéran, là où se vivent les amours clandestines.
L’amour impossible a toujours été une grande source d’inspiration pour les écrivain·e·s. D’Orphée et Eurydice à Roméo et Juliette, en passant par Tristan et Iseult ou Héloïse et Abélard, les couples maudits ont offert à la littérature mondiale ses plus belles pages. Et ce n’est pas près de s’arrêter, en témoigne le premier roman de Navid Sinaki.
Avec Les larmes rouges sur la façade, l’écrivain, poète et réalisateur transpose ce trope littéraire dans le Téhéran contemporain. Anjir et Zal sont amis depuis toujours ; une amitié qui s’est transformée au fil des années en amour interdit, l’homosexualité étant considérée comme un crime en Iran. Lorsque Zal est violemment agressé après avoir été vu en public au bras d’un autre homme, Anjir est encore plus déterminé à mener leur projet à bien : devenir femme pour qu’ils puissent fuir ensemble la ville et prendre ailleurs un nouveau départ. Mais, il se rendra bien vite compte que le chemin vers la liberté n’a rien d’une ligne droite sans encombre.
Comme ses prédécesseurs, Navid Sinaki n’élude rien de la violence des amours clandestines. Il y ajoute néanmoins ce qu’il faut de subversion et de poésie pour rafraîchir un motif que l’on pensait élimé. Qu’il s’agisse des scènes de sexe, des incertitudes des personnages ou du portrait d’une société en proie à ses propres contradictions, on ne sort pas indemne de la lecture de ce roman. De là à dire qu’il figure parmi les « crushs » et autres coups de cœur, il n’y a qu’un pas que l’on ne s’interdira pas de franchir !
Navid Sinaki, Les larmes rouges sur la façade, sortie le 22 août 2024, Paris, Le bruit du monde, 288 p., 22 euros.
Visuel : © Couverture du livre