Le septième roman de Fabrice Caro, s’il renouvelle quelque peu la figure typique de son antihéros, ne convainc guère, notamment à cause d’un manque de rythme flagrant.
Chez Cult, on aime plutôt bien Fabcaro à la bande dessinée, et Fabrice Caro au roman. Son avant-dernier roman, paru en 2024, Fort Alamo, était peut-être l’un de ses plus drôles. Au fur et à mesure de ses livres, Fabrice Caro s’est amusé à construire et reprendre la figure d’un anti-héros attachant. Un trentenaire ou quadragénaire perdu dans sa vie, sans réelle vie amoureuse, au métier fort peu passionnant, dont la monotone quotidienne se retrouve bouleversée. Oui, Fabrice Caro a une petite musique qu’on aime retrouver de livre en livre, même si la qualité en est inégale. Pour Les Derniers jours de l’apesanteur, disons qu’on a été franchement déçus.
Le roman suit les mésaventures d’un lycéen dont l’objectif principal est de réussir son bac. En 1990, notre héros a reproduit le visage de Mandela sur sa porte de chambre, écoute assidûment les Pink Floyd et se rend au cinéma pour voir Retour vers le futur 2. Et comme tout adolescent, Daniel traîne avec ses deux meilleurs potes, Marc et Justin, se retrouve à donner des cours de maths, fume de l’herbe et se prend ses premières cuites, pense constamment à son ex Cathy Mourier.
Si le portrait du passage à l’âge adulte (les fameux derniers jours de l’apesanteur) est réussi car très ancré dans le réel, le roman ne progresse pas et peine à maintenir un rythme. On est beaucoup plus gêné par le ressort comique qui revient une demi-douzaine de fois : la mère de l’élève à qui il donne des cours de maths prend de force la tête de Daniel pour la fourrer entre ses seins (une agression sexuelle, ne craignons pas les mots). Fabrice Caro, pour maintenir le suspens, monte de toutes pièces une intrigue policière qui ne prend guère. Même si on retrouve certaines lubies d’un de nos auteurs comiques français préférés (le déjeuner dominical, la peur de la mort, les hommes sans qualités…), Les Derniers jours de l’apesanteur reste l’un des moins bons romans de Fabrice Caro.
« Au milieu de ces événements, je devais réviser le bac. C’était probablement les pires circonstances pour le faire, mais je doutais qu’il existât des circonstances exceptionnelles, joyeuses, optimales. Jamais je n’avais entendu quiconque dans mon entourage se targuer d’être dans une dynamique incroyablement positive, personne n’était jamais arrivé le matin en scandant Dis donc j’ai une de ces pêches moi pour ce bac ! »
Les Derniers jours de l’apesanteur, Fabrice CARO, Gallimard, Collection Sygne, 224 pages, 20 euros
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