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« Les contes bleu nuit », l’alliance parfaite entre les mots crus d’Alexis Himeros et les images kinky de Petites Luxures

par Amélie Blaustein-Niddam
13.12.2024

Aux éditions Michel Laffont, le journaliste, podcasteur et romancier s’associe à la star du dessin érotique pour détourner les codes de l’histoire qu’on raconte le soir à son enfant pour l’endormir. Ici, il est plus question de réveiller sérieusement l’adulte qui voudrait s’assoupir à côté de vous.

«Il était une fois»

Ces 13 contes commencent tous par un incipit avant le récit propre. À chaque fois, un dessin caractéristique du trait noir laissant place au désir de Petites Luxures donne quelques indices sur l’intrigue à venir. L’univers d’Alexis Himeros croise à l’envi les codes de la pop culture et du BDSM. Le tout premier conte, Blue Playroom, nous entraîne dans une version plus vivante de Barbe Bleue. On suit, ou plutôt on grimpe, l’escalier qui mène à la pièce interdite. Kate ira-t-elle ? Non, on ne vous dira rien.

Au fil des pages, les accessoires les plus précis et les plus excitants s’étalent devant nous : une pince clitoridienne lestée de perles, là, plus loin, des cravaches, des harnais, des menottes, une croix de Saint-André, un plug anal queue de lapin, un foulard d’étranglement… Les mots doux se mêlent aux belles insultes ; les dominateurs, les dominatrices, les soumis et les soumises remplissent et ravissent notre lecture. La référence à d’autres contes n’est pas systématique, mais elle surgit parfois, comme dans La Belle et la Bête, qui nous promène dans une embrouille AOP.

« Contre sa volonté, bandait comme un damné »

Ici, les loups baisent avec amour et les forêts révèlent leur lot de secrets, mais le plus souvent, elles sont urbaines. Alexis Himeros est au meilleur quand il nous balade dans Paris, surtout à Pigalle. Ses descriptions fines des lieux et des ambiances nous installent, comme dans les versions pour enfants, dans un cocon confortable. Et puis, le sexe arrive toujours de façon neuve. Les codes de la soumission et de la domination sont explicites. Les demandes sont polies : « Je désire que vous soyez une chienne pour moi. » Les ordres, eux, sont des ordres : « Quand tu seras au bord de l’orgasme, dis juste “là”. »

Mais au-delà de son axe érotique, Les contes bleu nuit parlent sérieusement de désir. L’un de nos contes préférés, Le miroir aux merveilles, décrit avec délice la tension des amants assis côte à côte dans un bistrot, interdits de se dévorer, sentant « la tension qui, de seconde en seconde, circulait plus vite entre eux ». On fond pour le spleen qui s’habille en vinyle dans Le Diable de Pigalle, peut-être le conte le plus abouti, mêlant une bonne dose d’humour et de cul à une violence bien soutenue. Toujours à la frontière entre douleur et plaisir, contrainte et consentement, Alexis Himeros multiplie les allégories qui touchent au ciel.

Les contes bleu nuit est un bel objet à offrir, évidemment, pour vos fêtes de fin d’année. Mais attention à ne pas le découvrir en public, à moins que cela ne soit votre désir. Cela ne nous regarde plus, chères lectrices et chers lecteurs.

« Les contes bleu nuit », l’alliance parfaite entre les mots crus d’Alexis Himeros et les images kinky de Petites Luxures

«Il était une fois»

« Contre sa volonté, bandait comme un damné »

« Celui qui ment le premier » d’Ashley Elston : Traquée

« Fabriquer une femme » de Marie Darrieussecq : On ne naît pas femme

« Down Under Moviez » de Julien Savès & Julien Beaunay : Vers l’Ozploitation, et au-delà

« Fadhila », d’Aristide Tarnagda : une pièce puissante