Une jeune épouse japonaise suit son mari qui est muté et s’installe à la campagne, dans une maison qui jouxte celle de leurs beaux-parents. Une version 3.0 et japonaise d’Alice au pays des merveilles, par Hiroko Oyamada.
Le mari d’Asa est muté dans une petite ville de province, non loin de là où vivent ses parents. Sa femme abandonne d’autant plus volontiers son CDD que les beaux-parents leur prêtent une maison qui jouxte la leur. Une fois le déménagement passé, commence dans une chaleur folle une vie pleine d’ennui : les courses à l’aurore, la léthargie et la préparation de diners fins pour un époux qui rentre de plus en plus tard. Jusqu’au jour où, pour rendre service à sa belle-mère, Asa tombe dans un trou …
Après s’être fait connaître avec le climat kafkaïen de l’Usine (Christian Bourgois, 2021), Hiroko Oyamada joue sur Alice au pays des merveilles, dans ce « Trou » métaphysique qui parlera à tous ceux et celles à qui le confinement a donné des envies d’aller se mettre « au vert ». Tour en gardant les codes japonais du respect filial et de la place de chacun, ce roman parle d’ennui à l’universel. Et donne un caractère fantastique à l’inquiétante étrangeté de l’ennui domestique. Fin, lisse et bien tendu, le texte imprègne le lecteur de son atmosphère doucement nonchalante.
Hiroko Oyamada, Le trou, trad. Silvain Chupin, Christian Bourgois, 152 p., 20 euros. Sortie le 6 avril 2023.
visuel (c) photo de l’auteur (c) Shinchocha et couverture du livre