A l’occasion des 25 ans du décès d’Alfred Elton van Vogt, J’ai lu réuni dans un beau volume Le Cycle du Ā, une célèbre trilogie de science-fiction.
Attention, roman culte ! Publié en 1948, Le Monde des Ā (prononcer « non-A ») se verra augmenté en 1956 par Les Joueurs des Ā avant de se clôturer en 1984 par La Fin du Ā (d’une qualité un peu moindre que les deux premiers volumes). Roman culte car Le Monde des Ā est rapidement lu par des lecteurs avides d’histoires rocambolesques, sans pour autant être fans de science-fiction. Roman culte également car, comme le dit l’auteur dans sa postface : « Vous venez d’achever un des romans de science-fiction qui suscita le plus d’enthousiasme et provoqua les plus violentes critiques. » Ainsi de Damon Francis Knight qui, à l’age de 23 ans, avant de devenir un auteur de SF reconnu, écrivait : « En tant qu’écrivain, A. E. Van Vogt est un pygmée qui se sert d’une machine à écrire géante ». Roman culte enfin, car la traduction est assurée, pour les deux premiers volets, par Boris Vian, excusez du peu !
Comme le dit Jean-Pierre Andrevon dans son article sur A. E. van Vogt dans son Un siècle de S.F. écrite et dessinée vue de France des années 1920 à nos jours, Le Cycle du Ā a « pour sujet les préoccupations permanentes de van Vogt : la lutte de la liberté contre la tyrannie ». On y suit Gilbert Gosseyn (à prononcer « go-sane ») qui, au XXVIᵉ siècle, décide de prendre part à des jeux pour faire partie de l’élite de la société, et notamment se rendre sur Vénus. Mais à cette occasion, notre héros découvre que ses souvenirs sont fabriqués de toutes pièces et qu’il se trouve au sein d’un complot aux ramifications bien plus complexes que sa petite personne.
Le Cycle du Ā reprend donc une thématique paranoïaque, bien connue des fans de science-fiction, que l’on peut retrouver dans le film The Truman Show (1998) de Peter Weir ou dans la nouvelle de Philip K. Dick, Total Recall, adaptée par Paul Verhoeven en 1990. Complexe, la trilogie pourra perdre certains lecteurs tant l’imagination de l’auteur dingue, d’autant plus que la réflexion de van Vogt s’appuie sur la sémantique générale d’un certain Alfred Korzybski, une logique non-aristotélicienne (soit « non-A »). Près de 75 ans après la parution du premier tome, Le Cycle du Ā reste une trilogie de référence.
Le Cycle du Ā, intégrale, A. E. VAN VOGT, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Boris Vian et Monique Lebailly, révisé par Jacques Sadoul, J’ai lu, 800 pages, 16,90 €
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