« L’Affaire Crystal Singer » d’Ethan Chatagnier : « Vous arrive-t-il de vous sentir seuls dans l’univers ? »

Oubliez l’Histoire telle que vous la connaissez. Dans L’Affaire Crystal Singer, les Martiens ont réussi à communiquer avec les humains dès 1896. A la surface de la planète rouge, ce sont des équations qui s’affichent, dans un curieux langage, visibles uniquement lorsque la Terre et Mars se retrouvent à une distance respectable. Les Martiens interrogent les hommes sur leurs connaissances des mathématiques, de 3 + 3 =… à une équation sur la relativité qui arrive à mettre Albert Einstein en difficultés.

Le livre s’ouvre à la fin de l’année 1960, lorsqu’un groupe de cinq amis étudiants en mathématiques parcourt une longue route en van pour se rendre en Arizona. Leur objectif ? Communiquer avec les Martiens et proposer une réponse à la dernière colle des petits hommes rouges. Crystal Singer, jeune femme brillante du MIT, aimée par le narrateur Rick, croit en la validité de sa réponse (« Crystal ne doutait pas d’avoir vu juste, mais c’était moi qui avais eu l’idée de diffuser son équation. C’était moi qui lui avais dit que si elle tenait la solution, elle ne pouvait pas se contenter de la garder dans son carnet. »). Et bingo : dès réception de la solution proposée par Crystal, les Martiens proposent une nouvelle équation, encore plus complexe. Placée sous le feu des projecteurs médiatiques, pressurisée par la difficulté de cette dernière équation, Crystal Singer disparaît.

L’Affaire Crystal Singer mêle habilement histoire d’amour et science-fiction. La première partie du roman intéresse grandement : le lecteur et la lectrice s’interrogent sur les raisons de ce long voyage en van, alors que le narrateur retrace toute l’histoire des contacts entre Mars et la Terre depuis la fin du XIXème siècle. On repère ça et là quelques références cinématographiques auxquelles se raccrocher, comme la linguiste de Premier Contact (Denis Villeneuve, 2016) désemparée face à un langage extraterrestre hermétique, ou encore ces crop circles apparaissant dans le champ du narrateur, comme dans Signes (2002) de M. Night Shyamalan.

Passé une première partie intéressante, le roman adopte un rythme peu palpitant. Ethan Chatagnier semble vouloir à tout prix faire durer son intrigue, sans pour autant fournir de péripéties à son lecteur. L’histoire d’amour entre le narrateur et Crystal peine à prendre le dessus tant la jeune femme adopte des choix de vie fortement discutables (abandon de son petit copain et de sa fille, ghosting…). Un premier roman qui contient donc de bonnes idées, mais qui aurait gagné en concision.

« En 1922, les Martiens ont posé pour la première fois une question à laquelle nous étions incapables de répondre. Sur la théorie de la relativité en général, mais avec des éléments dont Einstein n’avait pas tenu compte. Apparemment, ils savaient que nos observatoires gagnaient en puissance. Ils écrivaient leurs messages plus petit, ce qui leur autorisait des équation plus complexes. La dernière aurait occupé une demi-page de papier réglé, en signes d’une taille normale. C’est à ce moment-là que beaucoup de scientifiques se sont vexés. »