L’auteur « Des jours sauvages » nous plonge dans les vies contrastées d’écrivains contrariés.
Nous avons déjà eu l’occasion dans ces colonnes de confesser notre croyance en le pouvoir des livres. Mais notre croyance est-elle si solide ? Sommes-nous si sûre que les livres peuvent changer le monde ? Ou disons-nous cela par habitude ? Parce que lire, en tant que chroniqueuse, nous ne savons faire que cela ? Et que, sans les livres et la lecture, nous aurions peur de n’être rien ?
Ces questions traversent le dernier roman de Xabi Molia, mais de l’autre côté du livre, celui des écrivains. Paul et Simon Marcilla sont frères. Ils se sont construits en miroir l’un de l’autre, mais avec l’écriture en passion commune, en trait d’union (im)possible. Ils rencontrent d’ailleurs Idoya Bosz-Vidal, une jeune fille pleine de fantaisie qui, elle aussi, s’éveille grâce aux livres ; qui elle aussi rêve, comme les deux frères, vivre de sa plume.
En grandissant, les trois amis apprendront bien vite que la littérature ne répare rien. « Elle dit bien plus l’étendue de nos pertes ». « Elle inscrit malgré tout une trace », comme autant d’empreintes et de blessures. Elle implique un travail colossal que Xabi Molia aspire avec ce roman à sortir de l’ombre. Processus créatif, tentatives fécondes, désillusions, rien n’est oublié du travail de celles et ceux qui consacrent leur vie à l’écriture. L’écrivain propose surtout une réflexion lucide sur les échecs nombreux et le succès fugace. Preuve s’il en fallait encore une, que « la littérature, bien qu’infirme, peut faire une place à ce qui n’est plus là ».
Xabi Molia, La vie ou presque, sortie le 19 août 2024, Paris, Seuil, coll. Cadre rouge, 240 p., 20 euros.
Visuel : © Couverture du livre