Après un premier roman, Les Envolés, couronné en 2022 du Goncourt du premier roman, Etienne Kern revient avec une biographie romancée d’Emile Coué, le fameux inventeur de la méthode Coué. Un intéressant sujet pour un traitement faible.
En anglais, elle pourrait être résumée par « Every day, in every way, it’s getting better and better », que l’on retrouve notamment dans une chanson de John Lennon. En français, on pourrait la rapprocher d’un extrait d’un sketch de Dany Boon (eh oui !) : « Je vais bien, tout va bien, je suis gai, tout me plait ». Nous parlons ici de la méthode Coué, une méthode d’autosuggestion inventée par le pharmacien Émile Coué au début du XXᵉ siècle pour guérir différents maux, de la dépression à des douleurs physiques. « J’imagine le bonheur et je serai heureux. J’imagine la santé et je serai bien portant. »
Dans La Vie meilleure, Etienne Kern fait le portrait de ce pharmacien français passionné par l’hypnose et précurseur du développement personnel. On y suit la vie de cet homme qui ne fut jamais médecin, entre Troyes et Nantes, accompagné de sa femme, alors qu’il teste sur ses clients des placebos. Témoin d’une séance d’hypnose spectaculaire, Emile Coué décide de s’y mettre, monte des expériences, teste de nouvelles méthodes, note ses résultats, etc. Petit à petit, sa réputation grandit, tandis que paraît enfin en 1921 son fascicule La Maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente, un best-seller. Le livre d’Etienne Kern se concentre sur la naissance d’une vocation, mais aussi sur l’amour entre Emile et sa femme Lucie, et le désir d’avoir un enfant.
Si le problème du livre n’est pas un sujet en soi, le traitement qu’en fait Etienne Kern est bien faible. La Vie meilleure se présente comme une gentille biographie romancée, bien proprette sur elle et dont les tensions et les enjeux ne sont pas construits. Question style, on ne compte par les phrases qui commencent par « il », les « il y a » et les « c’est » introductifs. Le livre est parsemé de phrases si sucrées qu’elles vous donneraient du diabète : « Est-ce que c’est le bonheur ? Oui, sans doute, ou presque. », « On voudrait que la vie nous rende ce qu’elle nous prend. Mais la vie ne rend rien. » (dommage !), ou encore « Le silence ne suffit pas. La vie est plus douce quand on la vit avec des mots. » (esprit d’Agnès Martin-Lugand, es-tu là ?). Et soudain, on tombe sur le conseil que donne à Etienne Kern la fondatrice de l’association Sur les pas de Coué : « Dominique me sourit. D’une voix très douce, elle suggère : Je peux écrire ce livre facilement. » C’est donc pour ça…
La Vie meilleure, Etienne KERN, Gallimard, 192 pages, 19,50 €
Visuel : © Couverture du livre