Olivia avait dix ans quand son frère a été interné dans une institution psychiatrique. Remontant la trace de cette «nuit» où ils avaient dix ans et où tout a basculé, Abigail Assor livre un récit poétique et sensible sur les liens qui unissent un frère et une soeur.
Il y a la caisse à déguisements, la maison de famille dans le Loiret où l’on met sept heures à descendre, les grands objets de consommation des années 1990 et la complicité d’un frère et d’une sœur qui partagent tout. Sauf qu’en présence des adultes, elle est sage, belle, policée et ressemble tellement à maman. Tandis que lui a un diable en lui, n’apprend pas et se met à geindre ou crier ou détruire sans crier gare. Là où les adultes ne comprennent rien, la soeur, elle, sait, et participe au désir de David de devenir train…
Revisitant un drame familial et intime à la lumière intransigeante des réflexions d’une petite-fille, Abigail Assor propose un récit à la fois poétique et terrifiant. Tout un monde créatif et autonome est détruit. Un garçon est détruit. Parce qu’il est différent. Comment traiter cette différence dans le cadre si exigeant et parfois si las de la cellule familiale ? C’est une question que l’auteure a le courage de poser, avec la fraîcheur d’une fillette de dix ans.
Abigail Assor, La Nuit de David, Gallimard, Collection «Blanche», 192 p., 19,50 euros, sortie le 22 août 2024.
visuel (c) couverture du livre