Huit ans après Petit pays, l’auteur et musicien Gaël Faye revient avec Jacaranda, un deuxième roman qui nous plonge à nouveau dans l’histoire du Rwanda. Cette fois, ce sont quatre générations qui s’expriment et nous bouleversent.
L’album Mauve Jacaranda a précédé ce livre, et l’arbre qui figure sur la couverture en devient le symbole. Ce roman est déjà l’un des titres phares de la rentrée littéraire de janvier.
Le jacaranda est l’arbre qui accompagne Stella, une jeune femme née à la fin des années 1990 à Kigali. Milan, le fils de la meilleure amie de la mère de Stella, a grandi à Versailles dans les années 1980. Son premier voyage au Rwanda lui permet de rencontrer Stella, alors nouveau-née, et de retrouver Claude, un membre de sa famille qui a survécu au génocide. Claude avait partagé sa chambre quand ils étaient enfants en France. Pendant que la génération des grands-mères est encore là, prête à raconter un siècle d’histoires, les mères, elles, maintiennent un silence assourdissant sur les êtres qu’elles ont perdus.
De 1973 aux années 2020, Jacaranda propose une galerie de personnages, tous des survivants, profondément attachants. Le lien avec le personnage quadragénaire, qui était enfant pendant le génocide, rappelle les inspirations autobiographiques de Petit pays. Cependant, la distance prise avec l’autofiction permet d’embrasser de multiples perspectives sur ces massacres indicibles. Les ellipses temporelles fonctionnent à merveille, et l’on suit la chronologie fiévreuse et chaleureuse du récit avec émotion. Les maladresses, le manque d’excuses, les scènes intolérables de massacres entre personnes qui se connaissent ne sont pas édulcorées. Mais les liens forts, l’ancrage historique, les élans d’affection, l’amitié, l’action, la vie en communauté, et surtout le temps de la maturation, sont également présents. La question demeure : suffiront-ils à dompter la haine et les pulsions de destruction ? Un second roman magistral pour Gaël Faye !
Visuel : © couverture du livre / Grasset