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« Immobilité » de Brian Evenson : Comptine post-explosion du monde

par Julien Coquet
20.11.2024

Après la parution en grand format de Comptine pour la dissolution du monde, les éditions Rivages publient en format de poche Immobilité, du même auteur, un roman faussement simple de science-fiction.

Si son nom est peu connu du grand public, les aficionados de science-fiction commencent à répandre la bonne parole : Brian Evenson est un grand auteur de littérature de genre, une voix sur laquelle il faut désormais compter. En début d’année, on découvrait stupéfait un recueil de nouvelles passionnant où l’horreur côtoyait la science-fiction : Comptine pour la dissolution du monde. Peu avant, en janvier 2023, Quidam publiait L’Antre, un court roman mettant en scène un astronaute, seul en scène sur une planète dévastée et abandonnée. Immobilité, que les éditions Rivages publient actuellement en poche, reprend d’ailleurs de nombreux thèmes de L’Antre.

 

Le roman s’ouvre par une renaissance, celle de Josef Horkaï, que l’on ressuscite. Stocké pendant trente ans (une sorte de cryogénisation du futur), Horkaï se réveille dans les choux : mémoire incomplète et nerfs paralysés. Rasmus, qui semble connaître personnellement Horkaï, lui raconte le pourquoi du comment tout en mettant en garde Horkaï contre la maladie qui le contamine et lui paralyse les jambes. Rasmus en arrive vite au but : il a été décidé de réveiller Horkaï afin qu’il aille chercher un cylindre contenant une graine, un bien à la valeur inestimable. « Ce qui fait sa valeur est qu’elle a été conservée à l’abri depuis une époque antérieure au Kollaps. » Horkaï se met en route, accompagné de deux porteurs, des « mules », traversant paysages désolés et bâtiments délabrés.

 

Je doute donc je suis

Immobilité est le grand roman du doute, plaçant le lecteur dans une situation d’inconfort. Au même niveau d’information que Horkaï qui émerge des limbes, le lecteur ne peut s’empêcher d’émettre des hypothèses et de mitiger son jugement : « Ce que je sais : 1. On m’a stocké une pendant trente ans. 2. On m’a réveillé pour que j’accomplisse une mission. 3. Il y a quelque chose qui cloche avec ma mémoire. » Il y a même quelque chose du doute cartésien là-dedans, une volonté de douter de tout, et particulièrement des sens, pour arriver à une réalité indétrônable : « Peut-être suis-je toujours stocké, ne put-il s’empêcher de penser. Peut-être qu’un incident s’est produit et que j’ai commencé à dégeler et que je suis en train de rêver. Peut-être que tout cela n’est qu’un rêve. »

 

Au-delà de l’aspect philosophique du livre, Immobilité est un sacré roman de science-fiction. On pense notamment à La Route de Cormac McCarthy lorsque Horkaï entame un long voyage dans un monde dévasté par une apocalypse dont on ne connaîtra jamais la cause. Brian Evenson a l’art du dialogue et des situations absurdes. Immobilité distille une dose d’étrangeté sans aucun hermétisme, permettant de progresser rapidement dans le roman.

 

Extrait :

« Il rêva qu’il vivait dans un monde anéanti, sujet à un effondrement dont il avait du mal à identifier la cause. Dans ce monde, quelque chose lui était arrivé et il en avait été transformé, avait été rendu différent des autres hommes – et pas seulement lui : il y en avait d’autres, au moins une poignée, qui avaient été soumis à pareille transformation. A bien des égards c’était une bonne chose. Il était plus fort qu’avant, plus robuste, très difficile à tuer. Mais à certains égards, ce n’était pas une si bonne chose que ça : les gens avaient peur de lui, lui mentaient, le maintenaient à distance. Il ne se sentait appartenir nulle part. Même parmi ceux qui, comme lui, avaient changé, il ne se sentait pas chez lui. »

Immobilité, Brian EVENSON, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jonathan Baillehache, Rivages/imaginaire poche, 256 pages, 8,70 euros

Visuel : © Couverture du livre