« Hurlements » d’Alexis Laipsker : Personne ne vous entend crier

Coup de poker

On connaît les auteurs de polars français qui font vendre, appliquant bien souvent toujours et encore les mêmes recettes : Michel Bussi, Olivier Norek, Bernard Minier, Jean-Christophe Grangé… Dorénavant, il faudra ajouter un nom qui commence à se faire une place, celui d’Alexis Laipsker, un journaliste spécialisé dans le domaine du…poker, qui a marqué un grand coup avec …Et avec votre esprit en 2020. Plus tôt dans l’année, on a pu voir au cinéma un de ses romans, Le Mangeur d’âmes, adapté par Alexandre Bustillo et Julien Maury.

Une bonne recette

Hurlements s’ouvre in medias res lorsque Olivia Montalvert, psychologue et criminologue qu’on a appris à connaître dans les précédents tomes, se réveille en sursaut : quelqu’un s’est introduit chez elle. Surprise et ligotée par un inconnu, ce dernier appelle le commissaire Victor Venturi : « J’ai enlevé cinq femmes, commissaire. Je les fais souffrir. Lentement. Avec une savante cruauté. Ce n’est que le début. » Commence alors un jeu du chat et de la souris entre les deux collègues, surnommés Mente-à-l’eau et le Cow-boy, confrontés à un taré dont on retrouve la première victime dans un théâtre abandonné.

Le livre est parcouru de quelques clichés un peu pénibles (le fameux duo de flics, les faux retournements de situation, le commissaire « pressé, macho et [à] la gâchette facile »…) et ne ressort pas grandi par une écriture délicate et recherchée. Pour autant, force est de constater que Hurlements fonctionne à 200 %. Le polar trouve sa force dans son intrigue menée tambour battant, sans aucun temps mort et aucune respiration. Pour cela, Alexis Laipsker pourrait convoquer les règles du théâtre classique : unité de temps (l’action se déroule en quelques jours), de lieu (Paris et sa banlieue) et d’action (l’enquête, rien que l’enquête). Il y a quelque chose de Netflix là-dedans, et du meilleur des auteurs cités au début de cette chronique. Bref, Hurlements est grandement addictif.