Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020 raconte dans « Le nom sur le mur » la vie et la mort d’un héros anonyme. André Chaix, franc-tireur partisan, est mort au combat à l’âge de 20 ans, en août 1944.
André Chaix. Le nom est inscrit sur un mur de la «maison natale» que vient d’acquérir l’auteur. Il s’agit d’un ancien relai de poste à la Paillette, un village de la Drôme provençale près de Dieulefit. Le même nom est aussi inscrit sur le monument aux morts du village. Alors Hervé Le Tellier a envie d’en savoir plus et décide d’enquêter.
André Chaix est né en 1924. Il était apprenti dans l’usine de céramique de Dieulefit et fiancé à Simone. Il s’est engagé dans le maquis de la Lance en 1943 et a été tué dans un bref combat avec un char allemand, peu avant la libération, le 23 août 1944. L’auteur nous permet d’imaginer la vie d’André pendant l’occupation à Dieulefit, une ville qui hébergea et sauva beaucoup de juifs et de résistants. Il nous décrit sa vie au maquis, marquée par le froid, la faim, la peur jusqu’à sa mort en héros à l’âge de 20 ans, deux mois, trente jours…
Hervé Le Tellier a écrit ce court récit dans un style précis, concis qui sait aller à l’essentiel. Il parle de son héros anonyme avec tendresse, le lecteur adhère rapidement au récit. L’auteur a réalisé une biographie sur la résistance dans la Drome et à Dieulefit. Il a récupéré le petit coffret dans lequel André Chaix gardait quelques photos, « les poussières de sa vie ». Le livre est bien documenté, bien illustré. Les photographies de l’époque sont souvent très belles, celles d’André Chaix et de ses proches émouvantes. Elles font revivre cette époque dramatique et ses héros disparus.
Le récit est émaillé des réflexions historiques, philosophiques de l’auteur. Des digressions bienvenues dans lesquelles il parle de cette période, la fin de l’occupation avec talent et originalité. Il s’inquiète aussi de la fragilité des individus face aux manipulations et au totalitarisme. Il rappelle surtout le sacrifice des maquisards : dans la Drôme un sur cinq sont morts dans les combats précédant la libération.
«Le nom sur le mur» est un livre simple et attachant. C’est un bel hommage aux anonymes de la résistance, un livre du souvenir, contre l’oubli.
Hervé Le Tellier, Le nom sur le mur, Gallimard, 176 pages, 19,8 Euros, sortie le 04 04 2024.