Après le réussi Free Queens, Marin Ledun situe sa dernière intrigue sur la principale île de l’archipel des Marquises. Un roman un peu trop classique pour nous passionner.
A Nuku Hiva, la découverte du cadavre de Paiotoka O’Connor est un choc. La jeune femme, si belle, jeune mère, future mariée , est retrouvée assassinée à l’endroit dit de Terre Rouge. Fait étrange, le cadavre a été déplacé, comme si on avait cherché à faire croire à un accident… Mais le lieutenant de gendarmerie Tepano Morel n’est pas dupe. Secondé par Poerava Wong, une gendarme marquisienne déjà sur place, Morel, basé normalement à Tahiti, découvre une île aux paysages époustouflants. Si, dans l’imaginaire collectif, les récits qui entourent l’île sont « émaillés de sauvages, de paradis perdu et de mythes », Morel se détache de la légende pour apprendre à connaître les Marquisiens, seuls à même de lui livrer le meurtrier. « Surtout ici, sur cette île, où [ils] vivent les uns sur les autres, où l’intimité est quelque chose de compliqué à gérer, où le silence vaut parfois protection de la vie privée. »
Après Free Queens qui nous transportait au Nigeria, Marin Ledun nous ramène en France, mais dans un de ses territoires les plus reculés. L’auteur fait fi des mythes et légendes qui entourent l’île, ne citant ni Taïpi d’Herman Melville ni Dans les mers du sud de Robert Louis Stevenson, deux livres captant le climat des îles Marquises au XIXème siècle. Ce qui intéresse l’auteur, c’est avant tout les Marquisiens et les Marquisiennes, la pauvreté et la drogue, la cohabitation des traditions marquisiennes et de l’administration française, le tourisme, la gastronomie, les essais nucléaires, etc. S’en dégage un portrait très fidèle et sérieux de Nuku Hiva, loin des clichés de carte postale.
Pour autant, le côté sérieux du livre transpire également dans son intrigue. Sans grande imagination, Marin Ledun déroule les fils narratifs de la résolution du crime, qui n’intéresse plus guère au bout de 400 pages. Peu aidé par un style sujet-verbe-complément (« Le petit ami éploré a le sang qui bouillonne. Il vivait mal le libertinage de Paiotoka. Morel peut comprendre ça. Maillart a un alibi pour la nuit du meurtre. Morel le relance ensuite sur la relation qu’il entretenait avec la victime. Maillart se confie volontiers. ») et parsemé de clichés (Morel revient sur les traces de sa mère marquisienne, la course poursuite finale…), Henua intéresse plus par sa peinture d’une communauté que par son intrigue policière.
Henua, Marin LEDUN, Gallimard, Série noire, 416 pages, 19 euros
Visuel : © Couverture du livre