La journaliste Sarah Koskievic signe un roman aussi tranchant qu’était mielleux le blockbuster de l’été.
Les histoires d’amour, on connaît la chanson, finissent mal. En général. Mais ce que les Rita Mitsouko ne disent pas, c’est quand. Or, il y a des histoires où tout est joué d’avance. En guise de coup de foudre, une collision. L’histoire n’a pas commencé qu’elle est déjà terminée.
Pourtant, quand elle rencontre Ian, Hazel a envie d’y croire. Mais, apparemment, les histoires d’amour avec un grand A, ce n’est pas pour les filles comme elle. Comme ça : éblouissante, brisée, tragiquement moderne. Elle a beau faire ce qu’elle peut, hurler qu’elle est comme ça et pas comme d’autres, rien n’y fait. Il est encore loin le temps où les filles comme elle, les filles comme ça, auront leur place partout, tout le temps, sans avoir à endurer mille tourments. Un jour, peut-être, les filles comme ça régneront sur le monde. En attendant, Hazel sait qu’elle s’épuise et préfère donc se taire. Au risque de disparaître.
Heureusement pour elle et toutes les filles comme elle, Sarah Koskieviec est bien décidée à ne pas lâcher l’affaire. Hazel poursuit la lutte, ne serait-ce que pour ne pas baisser les yeux devant les filles comme ça du futur. Il y a, bien sûr, dans cette plume plongée dans l’acide quelque chose de Virginie Despentes et dans Hazel un-je-ne-sais-quoi de Vernon Subutex. Mais Hazel (et donc Hazel), à force de côtoyer la vie sans jamais la toucher, en dit bien plus sur les contradictions de notre époque que toutes les héroïnes féministes réunies. On ne saurait donc que recommander ce roman polyphonique dans lequel les chapitres se donnent la réplique et se sifflent comme un verre : cul sec !
Sarah Koskievic, Hazel, sortie le 25 août 2023, Paris, Éditions de la Martinière, 192 p., 18 euros.
Visuel : couverture du livre.