L’écrivain burkinabé, auteur d’une mise en scène de Terre ceinte de Mohamed Mbougar Sarr, publie chez Actes Sud-Papier une nouvelle pièce qui sera jouée aux Francophonies de Limoges cette année.
Fadhila, c’est la mère d’Aziz, un jeune Burkinabé séduit par les sirènes des combattants islamistes. Elle a déjà perdu son époux et son fils aîné dans des guerres dénuées de sens et de raison ; elle tente de convaincre le dernier de renoncer à semer la mort. Bien entendu, les choses ne sont pas si aisées.
L’intérêt premier de Fadhila est de placer la réflexion de la mère sur le terrain du crime et de la mort : ce qui inquiète le personnage, c’est avant tout de voir son cadet devenir un criminel. Il s’agit donc moins d’un énième réquisitoire anti-Daesh et Boko Haram que d’une interrogation sur le bien et le mal, sur ce qui pousse à tuer ou, au contraire, à prôner la paix.
La dimension psychologique du personnage, qui estime qu’elle est seule habilitée à verser le sang de son fils, prend donc des accents shakespeariens : les relations entre mère et fils sont analysées dans toute leur complexité. Les métaphores employées par Aristide Tarnagda, ainsi que le recours massif à la litanie, participent de l’écriture d’un mythe contemporain, qui s’extrait ainsi de l’anecdotique.
La structure de Fadhila repose également sur une succession de longues tirades, qui permettent à chacun et chacune de s’épancher et d’argumenter. Le tout forme une pièce puissante et efficace.
Aristide Tarnagda, Fadhila, Actes Sud-Papiers, 12€.
Visuel : couverture (détail)