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Éric (L’ami Rohmer) vu par Rosette

par Nicolas Villodre
14.02.2024

Les éditions de Paris viennent de publier le récit de la comédienne Rosette consacré au cinéaste qui, précisément, la consacra : Éric Rohmer – de son «vrai nom» Maurice Schérer. Celui-ci l’a mise en scène et fait tourner dans six longs métrages. Il a par ailleurs tourné sous sa direction sept courts métrages.

Pauline aux Bains-Douches

Quoique le texte de Rosette respecte la chronologie, il ne prétend pas être une biographie du cinéaste mais « un éclairage intime et littéraire » sur leur relation, pris sous différents angles, tracé par petites touches, suivant treize thèmes et autant de chapitres, depuis la première visite de la jeune femme aux films du Losange jusqu’à la messe d’adieux au réalisateur à l’église Saint-Étienne-du-Mont. Dès le départ, la jeune actrice qui se nomme alors Françoise Quéré, a l’intuition que l’homme qui la reçoit poliment dans son bureau n’est pas du genre « croqueur de jeunes filles » cherchant à profiter des faveurs d’une débutante non consentante. Elle entr’aperçoit dans un couloir de la maison de production Fabrice Luchini, qu’elle avait vu à l’écran, dans Le Genou de Claire (1970) et qui s’apprête à tourner Perceval le Gallois (1978), ce qui permet de dater la rencontre Rohmer-Rosette.

 

Il est question ensuite des rituels, des manies et des fantaisies de Rohmer, à commencer par la cérémonie du thé – à base de feuilles noires provenant de Chine, infusées en deux temps pour bien le « déthéiner », servi avec des biscuits Bastogne aux communs des mortels ou avec des « torsades », pour les «privilégiés». L’ascète esthète appréciait «que les paroles soient légères» et l’interlocuteur «plaisant, souriant et sincère». Rosette fait ses débuts chez Rohmer dans une mise en scène théâtrale, La petite Catherine de Heilbronn, de Kleist, à Nanterre, aux côtés d’Arielle Dombasle, Marie Rivière, Pascale Ogier, Daniel Tarrare, Gérad Falconetti et Pascal Greggory. Pour célébrer la dernière ou oublier le four de ce spectacle programmé par le festival d’Automne, Rohmer suit ses comédiens aux Bains-Douches. Selon Rosette, il se rendait certainement dans un « night-club pour la première fois de sa vie».

 

La seule à marcher à mon rythme

Rohmer et Rosette se découvrent un goût commun : celui de la course à pied et des « escapades de santé » dans divers jardins parisiens. Rohmer s’avère frugal :«Lors des déjeuners pris ensemble à son bureau dans les années 80, le style pique-nique dominait : des tartines de pain noir et du fromage de Comté suivi d’un fruit de saison.» Il aimait les actrices pour des raisons selon-lui économiques, en disant des choses d’une misogynie crasse du style  : « car les filles mangent moins sur les tournages ». Amoureux de la langue française, il proscrivait les anglicismes, aussi bien le mot « week-end » que l’interjection «o.k.» et préférait le «coupe-vent»  à celui de «K-Way».  Comme Bresson, il voulait révéler des « personnalités », des têtes non encore connues ou reconnues – il dédaigna, par exemple, de travailler avec Isabelle Adjani qui était déjà vedette.

 

Le livre aborde la filmographie de Rohmer avec des titres comme Ma nuit chez Maud (1969), Le Genou de Claire (1970) La Marquise d’O. (1976), Pauline à la plage (1983), Les Nuits de la pleine lune (1984), Le Rayon vert (1986), Conte d’été (1996)… Nombre de ces films sont « atmosphériques », météorologiques : la pluie qui arrose Le Genou de Claire «sert de catalyseur au désir du personnage central». Le rayon vert biarrot n’ayant pas pu être capté en France, un des opérateurs pu saisir ce phénomène lumineux aux Canaries. Rohmer s’en contenta néanmoins, considérant que, «de toute façon, ce n’est pas un trucage, mais une illusion d’optique.» Au qualificatif de «Rohmériennes» il préférait celui d’«amies» ou de « comédiennes », redoutant que ces jeunes femmes soient « marquées » et ne puissent travailler avec d’autres réalisateurs. Ces « créatures trop singulières»ui ont sans doute été inspirées par les Petites filles modèles de la comtesse de Ségur…

 

Visuel : Éric Rohmer à la caméra super 8 en 1984, photo de Rosette