Les Editions Sonatine ont la bonne idée de faire paraitre les chroniques de l’une des critiques de cinéma américaines les plus intéressantes, Pauline Kael.
Les Editions Sonatine avaient fait paraître il y a de cela une quinzaine d’années les chroniques américaines et les chroniques européennes de Pauline Kael. Ces deux tomes, difficilement trouvables, sont maintenant disponibles dans un seul et unique volume : Ecrits sur le cinéma. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore Pauline Kael, il faut imaginer l’archétype de la critique capable de faire et de défaire des films, arguments à l’appui. Quand Pauline Kael aime, elle adore (« Intolérance, le plus grand film jamais réalisé ») mais quand elle n’apprécie pas, elle déteste. Pendant plus de quarante ans, Pauline Kael a officié dans les pages du New Yorker, distribuant les bons comme les mauvais points.
Classées par ordre chronologique de 1962 à 1985, les chroniques nous font voyager dans les goûts éclectiques de Pauline Kael, capable de défendre un cinéma européen avant-gardiste (défense de L’Avventura, critique de La Notte et de La Dolce Vita) comme le Nouvel Hollywood (« Bonnie et Clyde est le film le plus purement et le plus passionnément américain sorti depuis Un crime dans la tête »). Les critiques sont longues et étayées : près de trente pages sur Bonnie et Clyde, six pages pour détruire Barry Lyndon, dix pages sur Stardust Memories de Woody Allen… Plus globalement, les écrits ne regroupent pas uniquement des critiques, mais aussi des impressions sur les changements du milieu du Septième art : place grandissante des studios au détriment de l’influence des réalisateurs, importance de la publicité, etc. On a le droit d’être souvent en désaccord avec Pauline Kael, mais reconnaissons que ses écrits ont du punch et des arguments !
Ecrits sur le cinéma, Pauline KAEL, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Aurélia Lenoir, Philippe Aronson, Fabrice Pointeau et Julie Sibony, Sonatine Editions, 1010 pages, 32 €
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