Une transition au rythme du quotidien
Logn a soixante et un ans. Longtemps, elle a vécu dans un corps qui n’était pas le sien : elle s’est mariée, a eu un fils, a enfilé tant bien que mal le costume masculin qu’on lui avait assigné. Mais vient un moment où la dissonance devient insupportable, au point de songer à disparaître. Alors divorce, hormones et, bientôt, elle l’espère, l’opération. À un âge où d’autres songent à ralentir, Logn décide de s’autoriser enfin à être elle-même. Si sa famille s’est détournée, elle peut compter sur un frère jumeau d’une tendresse rare, qui refuse de perdre à la fois son frère et sa sœur. Cette relation fraternelle, décrite avec une justesse peu commune, devient l’un des cœurs vibrants du récit.
La sobriété comme intensité
On retrouve dans DJ Bambi la signature d’Auður Ava Ólafsdóttir : une écriture sobre, élégante, sans éclat spectaculaire. Pas de pathos, pas de posture, même sur un sujet aussi sensible que la transition tardive. Tout se joue dans la patience, l’introspection, la lenteur des jours. Et c’est précisément cette retenue qui rend le roman si intense : chaque geste quotidien, chaque détail prend valeur de poésie. L’autrice excelle à transformer le banal en essentiel, à loger l’universel dans le minuscule. DJ Bambi n’est pas un manifeste ni une démonstration, c’est un roman de métamorphose intime, une ode discrète mais lumineuse à l’acceptation de soi.