« De la démocratie en Françafrique », un nouvel éclairage sur l’ingérence française en Afrique

Élections africaines et ingérence française

Fanny Pigeaud est journaliste, Ndongo Samba Sylla économiste. Iels ont une première fois associé leurs talents pour écrire L’Arme invisible de la Françafrique. Une histoire du franc CFA (La Découverte, 2018). Après la devise, il et elles s’intéressent aux processus électoraux des anciennes colonies africaines de la France et à la manière dont cette dernière continue d’y exercer sa mainmise.

Intérêts politiques et économiques

On le devine, l’objet du livre est de montrer comment, depuis la décolonisation, les gouvernants français – et au premier chef les présidents de la République française – n’ont cessé de s’octroyer le pouvoir de désigner les chefs d’État de ces anciennes colonies. Une domination politique intimement liée aux questions économiques, eu égard aux intérêts des très grandes entreprises françaises. Pour en rendre compte, l’ouvrage de Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla suit un ordre chronologique, des débuts de la colonisation à l’actuelle crise au Sahel. Ainsi, sont énumérés les différents subterfuges permettant de mettre ou maintenir en place les candidats « amis de la France » – du bourrage d’urnes au soutien armé. Les définitions françaises de la « démocratie », très variables suivant ses intérêts, font également l’objet d’une passionnante analyse.

Un livre un peu rapide

Si la journaliste et l’économiste s’appuient sur des exemples précis dans leur argumentation, on peut parfois regretter la rapidité avec laquelle iels passent d’un pays à l’autre. Cela laisse peu de place à l’approfondissement de chaque situation, pourtant nécessairement singulière. Les derniers chapitres du livre, toutefois, qui traitent d’événements récents, prennent le temps de s’arrêter sur des cas particuliers, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, donnant aux courses électorales un nouveau sens. Un nouvel éclairage que l’on retrouve également dans l’analyse que Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla font de la crise sahélienne dans les dernières pages.