Ce recueil de courtes nouvelles confirme le talent d’Etgar Keret pour inventer des histoires inventives et bien souvent drôles.
Une candidate d’un jeu de téléréalité venue d’un monde parallèle, un homme qui refuse de sortir avec une femme au prétexte qu’il est déjà marié, deux chercheurs divorcés fondateurs de la faculté des sciences de la solitude de l’université libre de Berlin, un mari un peu trop protecteur et finalement toxique, un entretien d’embauche pour avoir des « idées chocs sur des sujets brûlants », un homme qui offre à sa femme un astéroïde finalement prêt à détruire la Terre, etc. Tout et bien plus se retrouve dans le nouveau recueil de l’écrivain israélien Etgar Keret, lauréat du prix Sapir, le prix littéraire le plus prestigieux d’Israël, pour Incident au fond de la galaxie.
Correction automatique contient plus d’une trentaine de nouvelles, dont la majorité se conclue en moins d’une dizaine de pages. Et c’est là tout le talent d’Etgar Keret : créer un monde, une situation, un problème, et le résoudre ou l’exploser en quelques lignes. Une grande partie de ces nouvelles traite de la difficulté de faire couple (« Crise de nerfs au travail, dans les bouchons, en séance de thérapie conjugale chez le psychologue au cheveu rare qui parlait de leur relation avec tant d’arrogance et de compassion qu’on eût dit une maladie incurable »), et de la difficulté à faire des choix. L’auteur israélien apprécié particulièrement les mondes parallèles, de réincarnation, d’univers multiples, etc.
Le livre n’est bien sûr pas exempt de remarques sur la société israélienne, et ce que vivre en Israël veut dire. On pense notamment à « Intention » qui voit Yihiel-Nahman, fervent croyant, douter de son Dieu le 7 octobre 2023. Ou encore à « Au commencement, chapitre 0 » qui transpire la peur quotidienne du personnage principal à la suite, notamment, du départ de son fils : « Quand Nadir fit son service militaire, tout devint source de peur : peur des flashes d’information à la radio, à la télévision, peur des flashes d’alerte du Hamal, le cabinet de guerre. »
Correction automatique, Etgar KERET, traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, Editions de l’Olivier, 208 pages, 22,50 €
Visuel : © Couverture du livre