Dans ce livre paru aux éditions La Découverte, le journaliste de Mediapart revient sur près d’un siècle de liaisons dangereuses et alerte sur les risques que celles-ci font courir à la démocratie.
Vincent Bolloré, Pierre-Édouard Stérin, mais aussi Sophie de Menthon ou Charles Beigbeder… autant de patron·nes actuel·les séduit·es par les idées de l’extrême-droite, quand iels ne mettent pas tout bonnement leur argent au service d’une idéologie nauséabonde, que l’on croyait encore il y a peu à jamais révolue.
L’objet du livre de Laurent Mauduit est de montrer que cette tentation du fascisme n’est pas l’apanage de quelques-un·es : les organisations patronales penchent de plus en plus très à droite et voient d’un œil toujours plus circonspect la démocratie et la promesse de débats d’idées qu’elle porte en elle.
Pour étayer son propos, le journaliste se livre d’abord à un rapide historique des connivences entre fascisme et grande bourgeoisie, connivences déjà mises en évidence en son temps par Daniel Guérin (Fascisme et grand capital), puis, plus près de nous, par Johan Chapoutot (Les Irresponsables). Il donne ensuite des exemples concrets de ce qu’il en est actuellement, non sans avoir rappelé que, après la guerre et jusqu’à une date récente, le patronat se prétendait au contraire être un rempart de la démocratie.
Collaborations ne présente pas de véritables révélations sur les liaisons dangereuses entre bourgeoisie et extrême-droite. En revanche, son auteur y donne des éléments précis de ce glissement et prend garde à éviter tout discours manichéen en présentant une approche subtile et nuancée du phénomène.
Laurent Mauduit, Collaborations. Enquête sur l’extrême droite et les milieux d’affaires, La Découverte, 11 septembre 2025, 22€.
Visuel : couverture du livre (détail)