L’exposition d’Eugène Dodeigne devait avoir lieu du 7 novembre 2020 au 7 février 2021. Un catalogue d’exposition était déjà publié. Il a d’ailleurs reçu le prestigieux prix du festival international du livre d’art et du film. Cet ouvrage constitue une édition revue et augmentée de ce premier livre, publié à l’occasion de l’exposition monographique qui a vu le jour au musée La Piscine de Roubaix, du 12 octobre 2024 au 12 janvier 2025.
Dans son texte, Bruno Gaudichon rappelle que Dodeigne a participé pleinement à l’aventure du groupe de Roubaix. Durant les trente glorieuses, ces artistes ont initié le nord de la France à l’art contemporain.
Serge Lemoine dans sa préface explique que cet artiste était attaché à la notion de statue : des œuvres telles des pierres dressées, des figures debout, autonomes, indépendantes, ancrées dans le sol et qui arrêtent le regard. Ses sculptures ont été taillées dans la matière, extraites de blocs de pierres. On peut y voir la trace des outils.
Marc Ronet, qui fut l’élève de l’artiste, raconte de quelle manière se passaient les cours donnés par Dodeigne.
Germain Hirschj dans son essai L’humanité en marche, revient sur les différentes étapes de la vie de cet artiste. Celui-ci a d’abord travaillé auprès de son père tailleur de pierres. Il fut imprégné des arts premiers, qu’il a découvert au musée de l’homme. L’artiste a fabriqué du mobilier de style rustique, présenté dans l’exposition qui lui fut consacrée. Au début de sa carrière de sculpteur, il travaillait à partir de la pierre de Soignies. Ses œuvres sont installées hors des murs de son atelier, une expérience qui a nourri le développement de sa pratique. L’artiste expérimente différents matériaux, dont les blocs de pouzzolane. Ses sculptures ont alors la particularité d’avoir des surfaces lissées par les abrasifs et d’autres laissées en réserve. Ses œuvres en bronze sont des pièces uniques. L’auteur attire également notre attention sur le fait que depuis les années 1950, l’artiste n’a cessé de peindre. Il raconte ensuite les différents ateliers que Dodeigne s’est fait bâtir au fur et à mesure du développement de sa carrière artistique. Une forme de gravité se remarque dans son œuvre. Ses œuvres de dimensions monumentales ont été installées dans les lieux publics. L’artiste les présente par groupe.
Le texte de Paul-Louis Rinuy, « Dodeigne de et contre son temps », relate l’inscription de l’artiste dans un contexte artistique. Ses œuvres étaient inscrites dans le parc de sa maison. Certaines sculptures en ce sens composaient un lieu. Dodeigne accordait une grande importance à la lumière et pratiquait la photographie pour rendre compte de ses sculptures dans différents contextes, majoritairement à proximité d’arbres. Pour l’auteur, les sculptures de cet artiste expriment une pesanteur et une certaine lourdeur existentielle.
Itzhak Goldberg élabore une réflexion sur les relations entre le dessin et la sculpture. Le dessin exprime notamment le mouvement lié à son intérêt pour la danse. Ses figures ont des poses inhabituelles et présentent des contorsions. Ses dessins sont constitués d’une multitude de traits qui se chevauchent et se superposent. Une gravité émane de ses travaux sur papier précise-t-il.
Gilles Maury a consacré son texte aux constructions des lieux de vie de l’artiste. Pour sa première maison, celui-ci fit référence à Le Corbusier et au nombre d’or. Il a privilégié la récupération.
Paul-Louis Rinuy s’attache aussi aux photographies de Dodeigne, qui lui permettaient de prendre du recul sur sa pratique sculpturale. En les étudiant, il remarque que l’artiste était attentif au cycle des saisons. Il tentait de saisir les différents moments de l’apparition d’une forme qui se révélait au fil des variations des jours et des années.
L’artiste sculpteur Peter Briggs fut invité à écrire sur l’œuvre de cet artiste. Il centre son propos sur la technique de celui-ci et précise que la technique de la taille directe ne permet aucune erreur. Le sculpteur doit penser la forme en amont.
Un entretien réalisé par François Dournes datant du lundi 16 décembre 1996 clôt ce catalogue.
Remarquons également qu’une diversité de visuels des œuvres de Dodeigne illustre les propos des auteurs. À ceux-ci s’ajoutent des photographies, témoignages de moments de création à l’atelier.
En somme, ce catalogue est d’une grande richesse théorique pour comprendre l’œuvre d’un artiste complet dont l’œuvre fut remarquable et dont les sculptures marquent le paysage de la sculpture en espace public.
Catalogue de l’exposition Eugène Dodeigne : Une rétrospective II. Editions invenit & Musée La Piscine, Roubaix.Ouvrage placé sous la direction de Germain Hirselj
Visuel : couverture