L’auteur du fameux Le Communisme primitif n’est plus ce qu’il était se livre à une typologie des différentes formes de conflits non étatiques. Un travail riche et varié.
Le point de départ est le suivant : alors que Linné s’est livré, dès le Siècle des lumières, à une typologie du vivant, une telle nomenclature n’existe pas pour les différents types de conflits non étatiques. C’est ce classement que propose dans Casus belli Christophe Darmangeat.
Prenant comme principe structurant l’idée, communément admise, selon laquelle la guerre proprement dite serait une spécificité des sociétés étatiques, il montre la diversité des confits non étatiques qui opposent différents groupes humains. Il entreprend alors de les ranger en fonction de leur fin – s’agit-il, ou non, de résoudre un problème ? – et de la présence ou de l’absence de modalités d’entente entre les belligérants. Cette base établie, l’anthropologue effectue un large panorama des types d’oppositions en balayant une grande partie du monde et des époques. Ce faisant, il entreprend de lever un certain nombre d’idées reçues.
Dans une seconde partie, il se livre à une étude des causes de ces conflits en commençant par un rappel du débat, parmi les anthropologues, entre partisan.es d’une longue conception du conflit, qui reviendrait à naturaliser les affrontements physiques, et celles et ceux qui préfèrent envisager ces derniers comme le résultat d’un monde structuré par le capitalisme, la concurrence et la colonisation.
Si l’on peut s’interroger sur la rapidité avec laquelle il balaie d’un revers de main les approches du monde concurrentes à la sienne – notamment la postmodernité – , le maitre de conférences propose dans Casus belli un ouvrage riche, clair et précis, orné de photographies qui illustrent son propos avec intelligence.
Casus belli. La guerre avant l’État, de Christophe Darmangeat. Editions La Découverte, 23€.
Visuel : couverture du livre (détail)