« Rotunda » de Candela Sierra : La petite entreprise connaît la crise

par Julien Coquet
13.08.2025

Centrée sur une start-up, Rotunda critique avec intelligence bien que sans surprise le monde de la petite entreprise soi-disant innovante.

La bande dessinée s’ouvre par un flash-back. Alors qu’on assiste au licenciement de Brisa par Junior, l’auteure remonte le temps de deux ans. Brisa est une jeune femme dont le profil peine à s’insérer sur le marché du travail espagnol. Employée dans un bar malgré un Master, elle se fait finalement recruter chez Rotunda, une agence spécialisée dans la conception de ronds-points. Ils sont une dizaine à travailler pour cette agence branchée, à l’ambiance à la cool et aux carnets de commande bien remplis. Le gérant, Junior, ne brille pas par ses compétences mais les projets et les demandes de devis arrivent en masse. Peut-être à cause du père de Junior, président de la direction générale des transports ?

Le dessin très coloré et les formes parfois à peine esquissées adoucissent le propos de l’album. Car Rotunda met finalement en avant les violences au sein du monde du travail, notamment pour des femmes à la carrière stoppée par le plafond de verre. Par petites touches, Candela Sierra démontre l’incompétence de Junior. Intéressé par l’arrosage des plantes de l’open space, Junior n’a que faire de verser des salaires décents à ses salariés ou de justifier ses choix (« de toute façon, je n’ai pas à justifier mes décisions »). Sans révolutionner la chose, Rotunda se permet de critiquer la fameuse « start-up nation ». Un album graphique dont on a toujours besoin à force d’entendre la soi-disant importance de la « valeur travail ».

Rotunda, Candela SIERRA, traduit de l’espagnol par Louise Cabannes, Sarbacane éditions, 152 pages, 22 €

Visuel : © Planche de l’album