« Peur de mourir mais flemme de vivre » de Salomé Lahoche : La vie est toujours une corvée

Dès la première planche, Salomé Lahoche avoue tout de suite le côté vénal de l’entreprise : la suite de La Vie est une corvée lui apportera « encore plus de gloire, plus d’argent, plus de critériums et bientôt peut-être… du taboulé Monoprix gourmet ». On retrouve donc l’honnêteté de la dessinatrice tout au long des planches. Salomé Lahoche a le chic pour faire de ses dessins de véritables séances de psy à ciel ouvert. L’autrice parle donc de son alcoolisme qu’elle a réussi à surmonter, de son ancienne addiction au cannabis, du passage à l’âge adulte ou de son voyage à Quito qu’elle a finalement peu apprécié. La conclusion de l’ouvrage (« Tout passe. La joie ne dure pas, la tristesse non plus ») voit une Salomé Lahoche apaisée.

L’album compile des strips très personnels (très émouvante partie sur l’addiction à l’alcool) comme des strips de commande portant sur le cinéma, la politique ou à destination des enfants. Le style résolument enfantin (couleurs vives où le rose prédomine, présence d’animaux…) transmet de sombres histoires avec finesse. Les textes denses (on aurait aimé un format un peu plus grand pour plus de confort) montrent une véritable autrice, comme lorsqu’elle invente le mot de « caniculpabilité », « un mot pour parler de la honte de rester enfermée à regarder, tiens, au hasard, Destin : la saga Winx alors qu’il fait super beau dehors ». Et surtout, derrière ce titre à la Cioran se cache une grande BD humoristique.