« Moi je, quarantaine » d’Aude Picault : Autoportrait d’une quadra légèrement dépassée

par Julien Coquet
17.01.2025

Après les tomes 1 et 2 de Moi je, Aude Picault revient avec son projet autobiographique, auscultant avec appréhension la crise de la quarantaine, entre une petite fille un peu trop présente et un compagnon absent.

Dans la majorité des pages de Moi je, quarantaine, Aude Picault arbore un visage tendu, triste, angoissé, si bien que son compagnon Mathieu lui rétorque, au cours d’une engueulade : « Je ne t’agresse pas, c’est toi qui fais tout le temps la gueule, c’est insupportable ! » Le salut de la crise de la quarantaine devra passer par des temps calmes : un bon repas préparé par Mathieu, des moments apaisés pour dessiner, une déambulation imprévue dans une librairie et, enfin, dans les dernières pages, la contemplation d’un arbre majestueux. Mais ces instants sont rares, entre les courses et le ménage à faire, élever Zélie, quelque peu hyperactive, faire du vélo dans un Paris surpeuplé… La course, en permanence, et le bruit. Si bien qu’en haut de Montmartre, alors que son compagnon et leur fille s’émerveillent de la vue, Aude Picault ne peut s’empêcher de penser : « Et ce qu’il faut d’énergie pour nettoyer, ranger, récurer tous ces foyers… Mon Dieu… Quel cauchemar ».

Ne laisser personne dire que la quarantaine est le plus bel âge de la vie

Par des traits simples et des dessins remplis de couleurs, l’autrice montre ce qu’avoir quarante ans veut dire. Les scènes se succèdent intelligemment, alternant moments de tension et de détente, croquant la vie quotidienne et ses doutes qui l’accompagnent (« En fait, ce n’est pas moi qui suis chiante. C’est vivre qui est insupportable. »). Les grands questionnements sont bel et bien présents : la répartition des tâches ménagères, le désir de tout recommencer ou plutôt de « recycler [sa] vie », le dérèglement climatique qu’il faut expliquer à son enfant, etc. Il faut décidément avoir le sens du rythme et de la formule pour sortir ces saynètes de l’anecdotique. Un témoignage touchant qui peut faire déculpabiliser.

Moi je, quarantaine, Aude PICAULT, Dargaud, 124 pages, 19,50 €

Visuel : Couverture de l’album

« Moi je, quarantaine » d’Aude Picault : Autoportrait d’une quadra légèrement dépassée

Ne laisser personne dire que la quarantaine est le plus bel âge de la vie

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« La Maison du canal » d’après Simenon : Quand le ciel bas et lourd

« Je suis un ange perdu » de Jordi Lafebre : Un polar à Barcelone

« Les Yeux d’Alex » de Claire Fauvel : Au-delà du male gaze