Adapté d’un roman inachevé d’Arthur Schnitzler, l’album L’Aventurier séduit grandement par sa force poétique, sa réflexion sur le destin et ses couleurs vives.
Dans une Italie moyenâgeuse, la peste fait des ravages. Alors que le jeune Anselmo Rigardi, fils de bonne famille, s’apprête à intégrer la garde de la ville, l’épidémie fait son apparition. A partir de là commence une incroyable épopée pour celui qui est obligé de quitter sa terre natale et sa famille. Croisant brigands et prostituées, le jeune homme finir par tomber sur un étrange vieillard, Géronte, capable de prédire la date de la mort de ceux dont il croise le regard. Emporté par l’amour qu’il porte à la fille de Géronte, Lucrezia, Anselmo demande sa main au seigneur, mais ce dernier la refuse : Géronte voit qu’Anselmo est promis à la mort dans un an pile. Le jeune Italien s’enfuit à nouveau, décidé à échapper à son destin.
L’Aventurier fait partie de ces belles surprises de la rentrée littéraire BD. Alessandro Tota au scénario et Andrea Settimo au dessin adaptent un roman inachevé d’Arthur Schnitzler (La Ronde, Vienne au crépuscule…). Face à de telles péripéties, on pense forcément à Shakespeare, tout en ne reniant pas une certaine étrangeté qui parcourt tout l’album. C’est d’ailleurs la même étrangeté qui parcourait Eyes Wide Shut de Kubrick, adapté d’une nouvelle de Schnitzler, la « Nouvelle rêvée ». Brassant des thèmes larges (le destin, le sens de la vie, l’amour…), L’Aventurier brosse le portrait d’un homme condamné à ne jamais s’arrêter, en perpétuel mouvement. Les dessins sont magnifiques, même si le sort réservé aux regards peut paraître surprenants.
L’Aventurier, Alessandro TOTA (scénario) et Andrea SETTIMO (dessin), traduit de l’italien par Laurent Laget, Glénat, 184 pages, 25 €
Visuel : © Couverture de l’album