La résilience de Joseph Kessel en bande dessinée

C’est un bel objet, solide, sur lequel on voit un dessin de Nicolas Otéro montrant Kessel habillé en civil au milieu d’une tranchée de guerre. Laquelle ? Toutes. Enfant juif ballotté par les exils de ses parents, il rencontre la guerre in utero. La violence est son amie, la mort sa meilleure amie. L’homme boit, joue et danse des pas de deux avec la faucheuse en permanence.

Le récit mis en scène par l’autrice et l’auteur est un témoignage, un vrai, une archive jusqu’à ce jour inédite. Cela se passe en 1975, Kessel est à la fin de sa vie, il se confie à un jeune homme, le fils de son ami Henry Torrès.

Comme tous les hommes et les femmes né.es au début du XXe siècle, le jeune homme se confronte aux tragédies humaines. Dans le monde d’avant les antibiotiques, la santé est aussi précaire que la paix.

Si Kessel est aussi passionnant, c’est qu’il s’est battu pour être là où les combats se faisaient. Mais lui, il se battait surtout à l’aide de son carnet et de son stylo en étant grand reporteur, particulièrement fasciné par les « truands ».

Ce qui est admirable dans cet objet, c’est de voir comment la légèreté de l’aquarelle toute bleue s’oppose aux drames en cascades. Cela calme le jeu, rend le récit audible et possible, malgré les épreuves que la vie met sur le chemin de ce véritable héros.

Le livre est très accessible, il permet de comprendre l’état du monde au siècle dernier et de se plonger dans les sources qui ont permis à Joseph Kessel d’écrire tant de chefs-d’œuvre, dont Belle de jour et le Lion, mais aussi, on l’oublie trop souvent, Le chant des partisans.

Joseph Kessel – L’indomptable est avant tout la révélation d’un document essentiel pour l’histoire. Un hommage clair et bien documenté à cet académicien « grand témoin des survivants du siècle ».