Les éditions Dargaud poursuivent l’adaptation des romans durs de Georges Simenon en BD. Après Le Passager du Polarlys, c’est au tour de La Neige était sale de sortir en bande dessinée.
Frank Friedmaier a dix-huit ans, bientôt dix-neuf. Et on ne laissera personne dire que c’est le plus bel âge de la vie, d’autant plus lorsque la ville qu’on habite est occupée par les Allemands et que sa mère est tenancière de bordel. Mais Frank voit plutôt dans cette Occupation une opportunité, celle de tromper son ennui. Les magouilles s’accumulent alors : l’assassinat d’un officier allemand tout juste sorti d’un bar, le trafic de montres, la trahison d’une voisine qui l’aime… Tout concourt à faire de Frank un personnage répugnant, porté par un nihilisme à toute épreuve. Mais les Allemands gardent un œil sur le jeune homme.
Simenon lui-même considérait son roman La Neige était sale, écrit en 1948, comme l’un de ses meilleurs livres. Situé dans un pays impossible à identifier (Belgique ? Autriche ? Hongrie ?), le roman progresse dans une ambiance lourde où la neige n’est pas synonyme de pureté. La galerie de personnages fait froid dans le dos : l’escroc Kromer qui se vente dès les premières pages d’avoir étranglé une femme, la mère de Frank, Timo le gargotier…
Jean-Luc Fromental et Bernard Yslaire transposent habilement en bande dessinée cet horrible roman non dénué de la pensée existentialiste (les thèses de Camus et de Sartre se diffusent à cette époque). Tout est gris dans l’album, si ce n’est quelques couleurs vives qui font ressortir certains personnages et quelques situations. La narration du récit, à la deuxième personne du singulier, embarque directement le lecteur dans la dégringolade de Frank.
La Neige était sale, Georges SIMENON, adaptation en bande dessinée par Jean-Luc FROMENTAL (scénario) et Bernard YSLAIRE (dessin), Dargaud, 104 pages, 23,50 €