Poursuivant l’exploration de la vie fusionnelle qu’elle a menée avec sa jumelle, Florence Dupré La Tour continue de nous faire rire, de nous émouvoir et de nous impressionner.
Comment se construire lorsque l’on existe en double ? Comment exister, et se démarquer, lorsque votre frère ou votre sœur vous ressemble en tous points ? Après une première partie, Inséparables, consacrée à la fusion avec sa sœur Bénédicte, Florence Dupré La Tour continue d’explorer le chemin de l’enfance, et de questionner le rapport à l’autre.
Au début de ce deuxième tome, les deux jumelles ainsi que leurs trois frères et sœurs et leurs parents arrivent en Guadeloupe. Les filles découvrent un monde hallucinant, peuplé de fleurs et d’animaux gigantesques. Mais c’est surtout le petit studio qu’elles habitent qui les fascinent : un ancien garage, aménagé en studio, attenant à la maison familiale, accueille les deux collégiennes. C’est le temps des jeux et des bêtises, des blagues. Mais l’adolescence arrivant, les corps changent : si Bénédicte se fait féminine, Florence cultive une apparence masculine. Et Bénédicte plaît aux hommes : Florence, éloignée, ne sait plus comment se positionner. L’autrice va devoir apprendre à dire « je » et à s’émanciper de sa jumelle, douloureusement.
Tout au long de ses 200 pages, Jumelle fascine et passionne. L’autrice mélange dessins simples rendant compte de la vie des jumelles en Guadeloupe et à Lyon, tout en se permettant de magnifiques métaphores, comme cette Florence assaillie de limaces, « piégée par ces idées lancinantes », ou cette fin du monde qui casse littéralement l’autrice en mille morceaux lorsqu’elle apprend que sa sœur a un petit copain. La force de Jumelle tient dans la variété des émotions que l’album nous fait traverser, du rire à la douleur.
Jumelle. Tome 2 – Dépareillées, Florence DUPRE LA TOUR, Dargaud, 216 pages, 21,50 €