Le premier tome de l’adaptation en BD de Jules Matrat donne une intéressante approche d’un quotidien de la Première Guerre mondiale loin du front.
De Charles Exbrayat, on connaît surtout les romans policiers publiés aux Éditions du Masque, comme Ne vous fâchez pas, Imogène ! Pour autant, le premier roman publié par cet auteur fut, en 1942, Jules Matrat, récit d’un homme broyé par la Première Guerre mondiale. Serge Fino signe pour Glénat une adaptation en trois volumes du roman, dont le premier tome se concentre ici sur le départ à la guerre de Jules Matrat et l’organisation du village de Chervagne alors que les hommes sont sur le front.
En Haute-Loire, dans le village fictif de Chervagne, Jules Matrat, alors qu’il est de corvée de bois, se retrouve stoppé par le tocsin. En août 1914, celui-ci annonce la mobilisation des soldats français, bien que Charles n’y croie pas, et qu’il finisse par partir à regret, abandonnant Rose qu’il avait prévu d’épouser. À partir de là, la bande dessinée alterne entre les brefs épisodes apocalyptiques du quotidien de Jules Matrat dans les tranchées, et la vie qui s’organise tant bien que mal au village, alors que les hommes normalement occupés aux champs défendent les intérêts de la France.
Les beaux dessins de Serge Fino rendent bien compte du contraste entre l’horreur des tranchées et la vie paisible du village de Chervagne. Certains encarts reprennent fidèlement le roman d’Exbrayat qui déroule implacablement les répercussions de la guerre : le maire qui se retrouve à annoncer aux parents la mort de leur fils, le facteur retraité obligé de reprendre son poste, les femmes qui pleurent un fils perdu ou attendent un futur fiancé… Très fort pour dépeindre le passage des saisons, Serge Fino choisit le camp du réalisme pour faire « le récit de la vie quotidienne ».
Jules Matrat, Tome 1/3, Serge FINNO, d’après le roman de Charles EXBRAYAT, Glénat, 64 pages, 15,50 €
Visuel : © Couverture de la bande dessinée