Poursuivant leur travail de relecture des grands moments historiques, Karibou au scénario (dont on avait déjà beaucoup aimé Dernière réunion avant l’apocalypse) et Duparcmeur au dessin livrent une réjouissante et fantasque histoire de la Pucelle d’Orléans.
En France, il y a certaines figures historiques auxquelles il vaut mieux ne pas toucher : Napoléon, le général de Gaulles ou encore Jeanne d’Arc. Après avoir passablement éreinté le premier dans Waterlose, Karibou et Duparcmeur revisitent avec beaucoup de recul et d’humour la trajectoire de Jeanne d’Arc. Tout en respectant les grandes avancées de la Pucelle d’Orléans (son enfance à Domrémy, sa rencontre avec Charles VII, le sacre de ce dernier, la capture de Jeanne à Compiègne…), les deux auteurs insufflent une pensée critique dans ce mythe. Dès le Prologue, Dieu se retrouve horrifié d’apprendre qu’une certaine Jeanne crie partout que Dieu lui a demandé de « libérer le royaume de France de ses envahisseurs ». Or, Dieu ne parlant à personne (« c’est bon là, j’lai déjà fait trois fois et personne ne m’comprend ! »), Il se rend directement sur terre pour dissuader Jeanne de son projet.
Chaque page, découpée en six cases, présente une situation incongrue du parcours guerrier de Jeanne. Accompagnée par Dieu et déçue de l’apparence de Celui-ci (« Si vous êtes Dieu, pourquoi être vieux ? Vous pourriez être jeune et musclé. »), Jeanne ne démord pas de son objectif. Jeanne & Cierges use habilement du comique de répétition (cf. les gags sur l’andouillette chinonaise), du jeune âge de Jeanne (qui dab) et d’un Dieu désespéré se retenant de provoquer un nouveau déluge.
Jeanne & Cierges, KARIBOU et Josselin DUPARCMEUR, Delcourt, Collection Pataquès, 64 pages, 13,50 €
Visuel : © Couverture de l’album